La Rhétorique est un ouvrage du philosophe grec Aristote, composé probablement entre -329 et -323, traitant de l’art oratoire (ou ), c'est-à-dire de « l'apprentissage de la capacité de discerner dans chaque cas ce qui est potentiellement persuasif ». Il est divisé en trois livres : le premier est consacré à la définition et au fonctionnement de la rhétorique, le second à la psychologie des locuteurs, et le dernier aux effets de style.
La Rhétorique ne peut se comprendre que par rapport à la logique exposée dans l’Organon. La rhétorique use des mêmes moyens que ceux de la logique, mais au lieu d'argumenter sur des vérités ou des postulats scientifiques, elle argumente, usant des mêmes méthodes, sur des opinions, des vérités singulières. La rhétorique use ainsi de l'argumentation alors que la logique use de la démonstration. C'est pourquoi la rhétorique est, chez Aristote, le moyen propre au débat et à la réflexion dans la vie politique, la , tandis que la logique, opératoire dans la science, est inefficace et même nuisible dans la vie politique. La Rhétorique forme ainsi l'articulation pratique, dans l'œuvre d'Aristote, entre la Politique, les Éthiques, et la Logique. Elle explique comment et pourquoi l’homme, animal doué de raison et qui parle (en grec ces deux qualités se nomment simplement le ), utilise efficacement la parole pour parfaire, dans la polis, sa nature.
Le contexte de l'Athènes classique favorisait la prise de parole publique et l'art de la persuasion. Dans les années -350, lorsque Aristote aborde sa Rhétorique, la rhétorique a déjà plus d'un siècle d'histoire. La maîtrise de l'éloquence est devenue rapidement , tandis que la rhétorique envisagée comme un discours portant sur le discours et sa pratique est née en même temps que la démocratie.
Sur trente mille citoyens athéniens en droit de participer à la vie politique, plus de 20 % venait assister aux réunions de l'Assemblée. Le concept de démocratie directe impliquait par ailleurs que les plus pauvres touchent une indemnité par séance pour suppléer à la perte sèche d'une journée de travail.