450px|vignette|Presénce du redoublement dans les langues du monde
En linguistique, le redoublement ou réduplication est un procédé morphologique permettant d'exprimer, par la répétition complète ou partielle d'un mot ou d'un de ses morphèmes, un trait grammatical ou bien de créer un mot nouveau.
Les langues indo-européennes anciennes — comme le grec, le latin, le sanskrit et d'autres à des degrés moindres (gotique, par exemple) — utilisaient fréquemment un redoublement limité à la seule première consonne du mot (les deux premières quand il s'agit d'un /s/ ou d'une laryngale devant une autre consonne) suivie d'une voyelle dont le timbre peut être /e/ ou /i/ (parfois la voyelle de la racine, en latin principalement, mais le procédé est postérieur à l'indo-européen). Dans de rares cas, c'est la racine plus ou moins entière que l'on répète.
Le redoublement est fréquent dans le système verbal. Le parfait, par exemple, peut l'utiliser, presque obligatoirement en grec et sanskrit, sporadiquement en latin, rarement en gotique. La voyelle est le plus souvent /e/ (le radical est indiqué ici en gras) :
grec : présent φεύγ-ω pheúg-ô, « je fuis » → parfait πέ-φευγ-α pé-pheu-ga, « je suis hors d'atteinte ». La consonne aspirée φ ph est redoublée en π p à cause de la dissimilation des aspirées (loi de Grassmann) ;
latin : (pas de prés.) pft. me-min-ī, « je garde à l'esprit » ; présent dat, "il donne" → parfait de-dit, "il donna".
sanskrit : prés. stau-ti, « il loue » → pft tu-ṣṭāv-a, « il a loué » ; seul le t de la racine est redoublé. Le timbre /u/ du redoublement est secondaire ;
gotique : prés. háit-an, « nommer » → prétérit haí-háit, « j'ai nommé » (où aí représente [ε]).
Il existe aussi des présents à redoublement, lequel exprime ici l'inaccompli. Ce redoublement doit donc disparaître aux temps construits sur les autres thèmes que celui du présent, à moins qu'il ne réapparaisse au parfait.