Le bleu de Prusse (en allemand : Preußischblau ou Berliner Blau) est un pigment bleu foncé, identifié au Colour Index comme PB27 et dont la désignation internationale ISO est Iron blue pigment. Ce cyanoferrate ferrique (II) doit être considéré comme le premier colorant synthétique moderne, obtenu au début du .
Par métonymie, « bleu de Prusse » peut désigner la nuance de bleu caractéristique de ce pigment.
Ce composé chimique a un usage médical, en prévention ou en traitement des intoxications au césium ou au thalium.
Le marchand de couleurs découvrit accidentellement ce colorant bleu dans le laboratoire de Dippel à Berlin entre 1704 et 1707, très probablement en 1706. D'après le chimiste Georg Ernst Stahl, Diesbach essayait de produire de la laque de Florence, un pigment carminé, à base de cochenille et d'alun, extrêmement cher. Habituellement, il faisait bouillir des cochenilles finement pulvérisées dans de l'eau puis il ajoutait de l'alun, du et de la potasse. Un jour, lorsqu'il était à court de potasse, il en emprunta à son collègue Dippel qui travaillait sur l’huile animale, une préparation à base de sang d'animal. Quand il rajouta cette potasse, qui était contaminée par de l'hexacyanoferrate, il n'obtint pas le rouge carmin attendu. En concentrant le précipité, il eut d'abord du pourpre puis un bleu profond.
La correspondance entre Leibniz et Frisch appelle bleu de Prusse ce pigment bleu foncé en mars 1709 ; d'autres lettres de novembre 1709 disent bleu de Berlin (« berlinisch Blau »). Diesbarch et Frisch produisirent en premier ce pigment à Berlin, au moins entre 1708 et 1716. Frisch en assurait principalement la promotion et la vente ; il en tirait des profits substantiels. Dippel le produisit aussi aux Pays-Bas, durant son séjour dans ce pays jusqu'en 1714.
Dès 1709, le nouveau pigment est envoyé aux peintres de Paris, Leipzig, Bâle et en Italie. Les peintres européens l'adoptent rapidement. Les analyses l'ont détecté dans La Mise au tombeau du Christ du peintre néerlandais Pieter van der Werff, de 1709.