La philosophie éternelle ou philosophie pérenne (en latin : perennis philosophia) désigne la croyance qu'une certaine philosophie ancienne, originaire d'Égypte ou de Grèce, forme une tradition une et permanente, au-delà d'apparentes oppositions ou évolutions. Lorsque cette philosophie se confond avec une théologie, elle est aussi nommée antique théologie (prisca theologia).
L'idée d'une prisca theologia (antique théologie) se développe à la Renaissance, dans le contexte du platonisme de Florence, chez des auteurs comme Marsile Ficin et Pic de la Mirandole. Il s'agit, dans une approche syncrétique, de présenter des sources antérieures au christianisme mais connues seulement à partir du , en particulier les fragments et hymnes orphiques, censés être l'inspiration du Timée, et les Hermetica soit comme issues de la révélation juive, par l'entremise notamment d'un enseignement de Moïse durant son séjour en Égypte, soit d'une forme de pré-révélation partielle autre que celle mosaïque.
Déjà, le cardinal Nicolas de Cues (1401-1464), surnommé le Cusain, avait écrit deux livres importants pour le dialogue interreligieux : dans sa Cribratio Alcorani, il souligne la valeur positive du message de Mahomet, en particulier pour les peuples qui n'ont pas encore la maturité pour recevoir le message du Christ. Dans sa Pace fidei, le Cusain fait concorder monothéismes et polythéismes, sous l'égide d'un ''monosophisme'', une sagesse unique. L'idée d'une philosophia perennis est donc d'abord une idée qui émerge dans l'Église catholique.
L'expression Perennis philosophia remonte à Augustinus Steuchus, dit Eugubinus (Agostino Steuco, de Gubbio, en Italie), qui a écrit De perenni philosophia en 1540. Steuco, né Guido degli Stuchi, était un chanoine régulier de Saint Augustin depuis 1513. C'était un grand orientaliste, responsable de la bibliothèque du Vatican en 1538. Dans son livre, il soutient que la théologie chrétienne repose sur des principes antérieurs à la Révélation chrétienne et universels. La pensée humaine est une.