L'affaire Kornilov ou Kornilovchtchina (en Корниловское выступление ou Корниловщина) se réfère à un affrontement confus en août/septembre 1917 entre le général Lavr Kornilov, commandant en chef de l'armée russe, et, Aleksandr Kerenski, ministre de la Guerre et, depuis peu, président du Conseil des ministres du gouvernement provisoire russe. Cet événement s'est déroulé entre la révolution de Février et la révolution d'Octobre. Kerenski a par la suite affirmé que cette affaire fut un tournant dans la révolution, par la soudaine renaissance des bolcheviks. Dans l'historiographie soviétique, les événements ont pris le nom de « révolte de Kornilov » (en мятеж Корнилова).
L'affaire se noue à l'été 1917 après l'échec de l'offensive Kerenski sur le Front Est ordonnée par le gouvernement provisoire et l'échec bolchevik lors des Journées de juillet 1917. Contesté, le généralissime Broussilov est démis de ses fonctions et remplacé le sur décret gouvernemental par le général Kornilov. Ce dernier prend ses fonctions et propose un ensemble de réformes politiques et militaires, connu sous le nom de « programme Kornilov », qui vise à sortir le pays de la crise. Parmi les mesures militaires, beaucoup concernent la discipline, comme la limitation des droits des comités de soldats promulgués par Kerenski lors de la phase de « démocratisation » de l'armée, et le rétablissement de la peine de mort pour les déserteurs et les « traîtres ». Ayant réussi à faire accepter son programme, Kornilov adresse un ultimatum au gouvernement dans lequel il exige une large autonomie pour lui-même et la mise à la retraite du général Tchérémissov nommé sans son accord commandant en chef du front sud-ouest. Le gouvernement répond par l'affirmative et Kornilov prend ses fonctions le . Le , les Allemands effectuent une percée dans les pays baltes et s'emparent de Riga après l'effondrement du front nord russe. À Petrograd, les journaux socialistes et les Soviets lancent une campagne hostile à Kornilov, le rendant responsable de la situation.