Philon d’Alexandrie (grec : Φίλων ὁ Ἀλεξανδρεύς, Philôn ho Alexandreus, Philo Judaeus, « Philon le Juif », פילון האלכסנדרוני, PHYLÔN H'aLeKSaNDRÔNY) est un philosophe juif hellénisé qui est né à Alexandrie vers 20 , où il est mort vers 45 Contemporain des débuts de l’ère chrétienne, il vit à Alexandrie, qui est alors le grand centre intellectuel de la Méditerranée. La ville compte une forte communauté juive dont Philon est un des représentants auprès des autorités romaines. Son œuvre abondante est principalement apologétique, entendant démontrer la parfaite adéquation entre la foi juive et la philosophie hellénique. Dans son œuvre, Philon interprète la Bible à travers la philosophie grecque principalement à l'aide de Platon et des stoïciens. Il en résultera dans les siècles qui suivront non pas une soumission de la théologie à la philosophie, mais au contraire de la philosophie aux Écritures. Si la pensée de Philon imprègne les Pères de l'Église, dont Origène, Ambroise de Milan et Augustin d'Hippone, son influence est faible sur la tradition juive, notamment sur la tradition rabbinique qui prendra naissance un ou deux siècles après sa mort. Cela tient pour partie au fait qu'il utilise la Septante (Bible traduite en grec) plutôt qu'une Bible en hébreu, et pour partie au fait qu'il interprète la Torah de façon allégorique. Son œuvre donne aussi des indications sur des mouvements religieux aujourd'hui disparus comme les Thérapeutes d'Alexandrie. Philon est le premier à avoir pensé Dieu en architecte de l'univers, alors que chez Platon le démiurge est un artisan et que chez Aristote le monde est incréé. Dieu étant transcendant, son œuvre accorde une grande importance à la Providence divine et à la grâce, reconnaissant que le monde appartient à Dieu et non aux hommes. Ainsi, si les êtres humains peuvent avoir une certaine parenté spirituelle avec Dieu, ils ne sont pas au même rang que lui. Croire l'inverse serait succomber au mal. Dieu agit au moyen des puissances divines : celle qui crée, celle qui ordonne, celle qui interdit, la compassion ou la miséricorde et enfin la puissance royale ou souveraine.