Le Polygone de Boutovo (en Бутовский полигон, Boutovski poligone) est l'un des grands charniers des répressions staliniennes entre 1937 et 1953, et principalement lors de la Grande Terreur de 1937-1938 où près de condamnés sont exécutés entre le et le , dans le plus total secret. Il était rare que moins de soient exécutées en une journée.
Cette zone « d'affectation spéciale », sous le contrôle du NKVD, est située à au sud du centre de Moscou, dans l'actuel raïon de Ioujnoïe Boutovo, près du village de Drojjino, et recouvre plusieurs dizaines d'hectares entourés de hautes palissades. Elle est aménagée par manque de place dans les cimetières de Moscou, ne pouvant faire face au nombre trop important de victimes de la terreur soviétique.
Parmi les victimes figuraient Béla Kun, Gustav Klutsis, Seraphim Chichagov ainsi qu'un grand nombre de prêtres orthodoxes, dont beaucoup furent ensuite canonisés comme « néo-martyrs ».
Devenu symbole de l'histoire tragique de l'Église orthodoxe au siècle, ce lieu demeure l'unique site de mémoire des répressions reconnu et visité par l'État.
Le site est découvert par des historiens de l'association Memorial, principalement par le groupe de Mihail Mindlin, grâce à l'ouverture des Archives de la direction de Moscou du ministère de la Sécurité en 1991, à la suite de la chute de l'URSS. Le groupe découvre des dossiers des condamnées à mort, sans aucun lieu d'exécution notifié.
Le lieu n'était mentionné dans aucun document officiel et n'avait pas été dévoilé lors de la période khrouchtchevienne entre 1955 et 1964.
L'association Memorial entreprend des démarches pour retrouver des témoins des répressions staliniennes et aussi interroger d'anciens membres du NKVD. Ceci aboutit, le , à l'autorisation d'accéder au Service fédéral de sécurité. L'association pour la mémoire des victimes des répressions politiques, accompagnée d'une délégation officielle ainsi que des parents de victime, s'y rendent alors.
Le , en présence d'officiels et d'environ de victime est posée une plaque commémorative.