thumb|Crispin et Scapin par Honoré Daumier.
Une rumeur est un phénomène de transmission large d'une histoire à prétention de vérité et de révélation par tout moyen de communication formel ou informel. Cette définition recouvre :
les fausses informations, fake news, erreurs journalistiques et manœuvres de désinformation, pourvu qu'elles soient révélées a posteriori et fassent controverse ;
les préjugés, quand ils sont racontés et non seulement assénés — c'est pourquoi on a pu parler en particulier des Protocoles des Sages de Sion comme d'une « rumeur » antisémite ;
la propagande, quand elle prend appui sur des histoires de vie, des cas exemplaires, des théories globales ;
le canular, quand il n'est pas encore révélé — ainsi certains auteurs parlent-il de l'émission radiodiffusée en 1938 d'Orson Welles sur la « Guerre des mondes » comme d'une rumeur ;
certaines formes de théorie du complot, quand la narration importe davantage que la révélation ;
la légende contemporaine ou légende urbaine, quand elle perd son côté purement anecdotique et se trouve au centre de controverses, en particulier médiatique — exemple : longtemps classée « légende contemporaine », l'histoire du « terroriste au grand cœur » s'est vu affubler du qualificatif de « rumeur » peu après les attentats américains du [un homme prévenait de l'imminence d'un attentat une bonne âme responsable d'une bonne action] ;
la communication virale (dite marketing viral), quand le produit promu disparaît sous la (trop) « bonne histoire ».
Les rumeurs peuvent faire partie de techniques d'influence dans le cadre de stratégies de diversion.
Le concept a pour origine les recherches de psychologie judiciaire entreprises à partir de 1902 par l'Allemand William Stern, qui, le premier, a exposé le « protocole expérimental » de la rumeur. Celui-ci est devenu depuis lors l'un des exemples les plus classiques de la psychologie sociale (et des colonies de vacances, grâce à son côté ludique) : il s'agit de créer une « chaîne de sujets », qui se passent une histoire de bouche à oreille, sans droit à la répétition ou à l'explication ; à la fin, on compare l'histoire racontée par le premier sujet et celle racontée par le dernier ; naturellement, l'histoire est au mieux tronquée, au pire déformée.