Le terme « guerres de l’histoire » (en anglais, History Wars) désigne un débat majeur de l'historiographie australienne contemporaine. Le débat porte sur la manière dont doit être interprétée l'histoire de la colonisation de l'Australie par les Britanniques, et l'impact de cette colonisation sur les peuples autochtones aborigènes et les indigènes du détroit de Torrès.
La controverse oppose les historiens qui décrivent la colonisation comme un processus globalement pacifique, entaché de quelques « aberrations » (les actes de maltraitance à l'encontre d'Aborigènes), aux historiens qui au contraire décrivent une histoire profondément marquée par l'exploitation et la violence faite aux Aborigènes, des conflits violents entre colons et Aborigènes, voire une tentative d'ethnocide des premiers à l'encontre des seconds.
La controverse autour des « guerres de l’histoire » trouve sa place au sein des débats portant sur l'identité nationale australienne, mais aussi sur des questions méthodologiques à propos de la valeur et de la fiabilité des sources historiques écrites (par les autorités et les colons) et orales (émanant des Aborigènes). Le débat a également suscité des accusations de parti-pris idéologique dans l'interprétation des sources.
En 1968, le professeur William Stanner, anthropologue australien, parle pour la première fois de « Grand Silence australien » (en anglais : Great Australian Silence) lors d'un discours à la radio. Il emploie ce terme pour affirmer que la manière dont a été écrite l'histoire de l'Australie est, à ses yeux, incomplète. Selon Stanner, l'histoire du pays a, le plus souvent, été présentée de manière méliorative, et presque aucune place n'y a été accordée aux Aborigènes australiens. Stanner affirme qu'il y a là un processus structuré et délibéré qui a pour but et conséquence d'exclure « les centaines de milliers d'indigènes australiens qui ont vécu et sont morts » depuis 1788.