L'anthropologie numérique, parfois appelée anthropologie digitale en référence au terme anglais, est l'étude de la relation entre l'Homme et la technologie de l'ère du numérique. À la croisée des domaines de l'anthropologie et de la technologie, ce nouveau champ de recherche, encore en construction, regroupe une variété de dénominations marquant des angles d'attaque différents : l'ethnographie numérique, techno-anthropologie, l'anthropologie virtuelle, anthropologie visuelle, cyber-anthropology Pour certains anthropologues le cyberespace en lui-même peut être considéré comme constitutif de nouveaux terrains de recherche anthropologique. L'ethnographie de ces terrains permettrait l'observation, l'analyse et l'interprétation de phénomènes socioculturels qui surgissent dans cet espace interactif qu'est internet. Un certain nombre d'anthropologues universitaires ont mené des ethnographies des mondes virtuels, par exemple les études de Bonnie Nardi sur World of Warcraft, et de Tom Boellstorff sur Second Life. Internet est alors appréhendé en terrain auto-suffisant nécessitant la création d'outils de conceptualisation et de représentation notamment pour la sociologie des communautés virtuelles et de la cyberculture. À l'inverse Internet peut être intégré à l'enquête anthropologique d'un champ social plus large et plus complexe où Internet innerve l’ensemble de la quotidienneté des acteurs sociaux et peut provoquer des transformations importantes, y compris là où une minorité de gens est reliée à Internet. Ainsi, grâce à la technologie numérique, un certain nombre de communautés nationales et transnationales, pouvant être géographiquement limitée, font émerger un ensemble de normes et pratiques sociales. L'anthropologie numérique étudie par exemple diverses communautés construites autour des logiciels libres et ouverts. L'anthropologue américaine, Gabriella Coleman a fait un important travail ethnographique sur la communauté du logiciel Debian, les groupes de consommation collaborative et des groupes plus politiquement motivés comme Anonymous ou Wikileaks.