La culture des castellieri (singulier castelliere) se développa en Istrie à l’âge du bronze pour s’étendre successivement au Frioul (cjastelîr en frioulan), à la Vénétie julienne, à la Dalmatie et aux zones limitrophes. Elle dura au-delà d'un millénaire (du au ) et se termina avec la conquête romaine. Les castellieri prennent le nom des bourgs fortifiés qui se forment un peu partout dans sa zone de diffusion. L'origine de la culture des castellieri est due à un groupe ethnique d'origine incertaine, probablement pré-indo-européenne, et sans doute arrivé par la mer. Les premiers castellieri furent en effet construits le long des côtes istriennes et présentent un curieux phénomène de mégalithisme que l'on relève à la même époque dans le monde mycénien. Toutefois, ce même phénomène étant répandu dans plusieurs zones de la Méditerranée, il n'a pas été possible de déterminer avec certitude la provenance égéenne d'une telle population. Les hypothèses avancées sur une origine illyrienne ne sont pas davantage confirmées par les pièces en notre possession. En outre, une ethnie proprement illyrienne ne commença à se former en Europe qu'autour du . C’étaient des bourgs fortifiés, généralement situés sur des montagnes et des collines, plus rarement en plaine (Frioul sud- oriental), et constitués d’une ou plusieurs ceintures de murailles concentriques, de forme ronde, elliptique (Istrie et Vénétie julienne) ou quadrangulaire (Frioul), à l'intérieur desquelles se développait l’habitat. L’épaisseur des murs pouvait atteindre quatre ou cinq mètres, alors que la hauteur était généralement comprise entre cinq et sept mètres. C’étaient donc des enceintes plutôt massives, leur périmètre pouvait même mesurer deux ou trois kilomètres. La technique constructive était en sandwich : deux murs parallèles constitués de grands blocs de pierre étaient édifiés et remplis, dans l'espace interne, de petites pierres, de terre et d'autres matériaux résiduels.