Les Jeunes-Turcs (en turc : Jön Türk au singulier et Jön Türkler au pluriel) étaient un mouvement politique nationaliste, moderniste et réformateur ottoman, officiellement connu sous le nom de Comité union et progrès (CUP, en turc İttihat ve Terakki Cemiyeti), dont les chefs ont mené une rébellion contre le sultan Abdülhamid II (renversé et exilé en 1909), planifié le génocide arménien et mis en œuvre la turquification de l'Anatolie.
Le mouvement jeune-turc est né le , jour du centenaire de la prise de la Bastille au sein de l'École de médecine militaire d'Istanbul. Se référant à la société des Jeunes-Ottomans, le mouvement est inspiré de la charbonnerie française, les étudiants y réclament le rétablissement de la Constitution ottomane de 1876 supprimée par le sultan Abdülhamid II en 1878. Au début, les Jeunes-Turcs se recrutent principalement dans les écoles supérieures militaires qui sont les premières à dispenser un enseignement occidental, puis gagneront le soutien des hauts-fonctionnaires, des oulémas, et des cheikhs. Les formalités d'admission étaient inspirées du rituel maçonnique : le candidat qui avait les yeux bandés, était reçu par trois individus masqués et portant une pèlerine, puis devait prêter serment en posant la main successivement sur le Coran et sur une épée. Il jurait d'assurer un meilleur avenir au pays, en obéissant aveuglément à tous les ordres venant de l'association. Au cours des années 1895-97, le mouvement s'étend à l'ensemble de l'Empire ottoman, mais aussi à l'étranger auprès des cercles d'exilés, comme à Paris où Ahmed Riza, fervent adepte du positivisme d'Auguste Comte, fait figure de chef. Le premier congrès des Jeunes-Turcs se tient à Paris en février 1902 et rassemble une cinquantaine d'opposants divisés en deux factions, occidentaliste et turquiste. Les Jeunes-Turcs sont particulièrement actifs en Macédoine, où, en 1907, le comité de Salonique — la Société ottomane pour la liberté — fusionne avec celui de Paris pour former le Comité Union et Progrès (CUP).