Le Printemps croate (Hrvatsko proljeće en croate également appelé masovni pokret ou MASPOK pour mouvement de masse) est le nom donné à un mouvement politique croate du début des années 1970 qui appelait à plus de liberté en Croatie alors membre de la République fédérative socialiste de Yougoslavie. La Croatie est gouvernée par la ligue des communistes de Croatie (SKH), formellement indépendante du la ligue des communistes de Yougoslavie que dirige Josip Tito. Dans les années 1960, la fédération connaît plusieurs réformes de relance de l'économie, tandis que les dirigeants locaux cherchent surtout à protéger les intérêts économiques de leurs république respectives. C'est dans ce cadre qu'un conflit éclate en Croatie entre les réformistes, proches de la Matica hrvatska, une fondation promouvant la culture et l'identité croate, et les conservateurs.
À la fin des années 1960, plusieurs griefs sont lancés par la Matica hrvatska, puis par les réformistes du SKH, menés par Savka Dabčević-Kučar et Miko Tripalo. Ils concernent principalement le nationalisme économique puisque les réformistes veulent réduire les transferts monétaires vers le gouvernement central. Par la suite, des revendications politiques apparaissent, en faveur de plus d'autonomie et d'un plus grand équilibre dans la répartition des postes de pouvoir, perçus comme majoritairement occupés par les Serbes, y compris en Croatie. Enfin, une question linguistique se superpose, à propos de la différence supposée entre le croate et le serbo-croate.
Le printemps croate valorise le passé national, notamment la figure de Josip Jelačić, politicien du et officier supérieur de l'armée autrichienne. De même, l'ancien leader assassiné du parti paysan croate, Stjepan Radić, est mis en avant. Tout un ensemble de symboles culturels et de chants patriotiques sont repris, dans le but d'affirmer la particularité de la Croatie et de faire évoluer son statut politique, d'une république vers un véritable Etat national croate.