La république d'Arménie, officieusement nommée arménienne, est née des convulsions qui ont agité la Transcaucasie à la fin de la Première Guerre mondiale. L'effondrement de l'Empire russe en 1917 laisse un vide politique dans une région composée d'une mosaïque de groupes ethnico-religieux, qui peinent à s'entendre. Abandonnés par leurs voisins face à la menace turque, les Arméniens proclament la république d'Arménie. Après la défaite des Puissances centrales en 1918, les Arméniens fondent de grands espoirs sur la conférence de paix de Paris (1919), pour obtenir le rétablissement de la Grande-Arménie historique. Leurs attentes sont rapidement déçues. Abandonnée par les puissances alliées, face à l'hostilité de ses voisins, la république d'Arménie mène pendant deux ans une existence précaire et succombera à la collusion de la Turquie kémaliste et de la Russie bolchévique.
thumb|left|Avance de l'armée russe en Arménie turque (1916).
En 1915, l'Empire ottoman s'engage dans la Première Guerre mondiale aux côtés des Puissances centrales. En 1916, l'armée russe s'enfonce profondément en Arménie turque. Les Russes recueillent les réfugiés du génocide arménien. La révolution russe de février 1917 place les populations de Transcaucasie devant le problème de la gestion de l'après-tsarisme, problème d'autant plus difficile que ces populations sont inextricablement enchevêtrées. Pour ne donner qu’un exemple, les deux « plus grandes villes arméniennes » sont Tiflis, l'actuelle Tbilissi, future capitale de la Géorgie, et Bakou, future capitale de l'Azerbaïdjan. Les trois principaux groupes, avec chacun un parti majoritaire, sont respectivement les Géorgiens avec le parti Menchevik, les Arméniens avec le parti Dashnak et les musulmans avec le parti Müsavat.
À Moscou, le gouvernement provisoire de Kerenski crée un Comité spécial de Transcaucasie (Ozakom), dont l'autorité sur place est très faible. Il prend en outre une « Décision du Gouvernement provisoire au sujet de l'Arménie turque » (), qui permet aux réfugiés arméniens de rentrer chez eux.