L’interactionnisme symbolique est une approche issue de la sociologie américaine qui a subi plusieurs inflexions de ses fondements théoriques depuis son apparition, vers la fin des années 1930.
Dans un premier temps, l'émergence du cadre théorique de l'interactionnisme symbolique découle d'une rupture paradigmatique effectuée par George Herbert Mead en psychologie sociale. En effet, Mead se dégage des paradigmes psychologiques dominants de l’époque, le béhaviorisme et la psychanalyse, pour développer une approche inter-relationnelle et coconstructive du sens. Sa thèse est que, premièrement, l'accès cognitif au sens des phénomènes, tant subjectifs qu'objectifs, découle inévitablement d'une interprétation et, deuxièmement, que la formation du cadre interprétatif découle des processus dynamiques d'interaction inter-individuelle. Ainsi, selon ce cadre théorique meadien, développé à l'aide de recherches en éthologie, l'interaction symbolique (communication verbale et non verbale) entre les individus humains ou animaux détermine le sens que ces derniers accordent au monde et à leurs propres états mentaux.
Dans un deuxième temps, ce cadre théorique meadien s’intégra à la tradition sociologique de l’école de Chicago, grâce à des élèves de Mead, tel que Herbert Blumer et plusieurs autres, qui, alliant le cadre meadien aux méthodes d’observation directe, développèrent une micro-sociologie interactionniste s’opposant aux paradigmes dominants en sociologie : le fonctionnalisme et le culturalisme. La caractéristique commune de ce double mouvement est, en plus d’une évidente position oppositionnelle et polémique, le refus fondamental d’un déterminisme biologique et social de l’individu.
À cette époque, l’approche interactionniste possédait une multitude de démarches et d’interprétations différentes, due à sa position autonome et isolée. En effet, ce n’est que vers les années 1970 que l’interactionnisme consolide sa perspective avec l’élaboration par John Turner d’une théorie du rôle ou encore avec l’œuvre de Anselm Strauss.