L’ochlocratie (du grec ancien / okhlokratía, formé de okhlos, « foule » et –kratos, « pouvoir », via le latin : ochlocratia) est un régime politique dans lequel la foule (okhlos) a le pouvoir d'imposer sa volonté. Le terme est tombé en désuétude, mais il a été débattu dans les ouvrages de philosophie politique.
Ochlocratie n'est pas un synonyme de démocratie au sens de gouvernement par le peuple. Le terme foule, non le terme peuple, est employé : il suggère dans un sens péjoratif la foule en tant que masse manipulable ou passionnelle. On parle alors de phénomènes de foule, souvent provoqués par la démagogie ou le populisme. Ceci en l'opposant à des formes de gouvernement politique supposées plus rationnelles ou du moins raisonnables, qu'elles soient démocratiques ou non, et pour cela considérées plus souhaitables par principe.
Longtemps présent dans les dictionnaires français, le mot avait disparu du vocabulaire politique depuis la fin du XIXe siècle : le Dictionnaire de l'Académie française ne comporte ainsi plus ce terme depuis sa huitième édition de 1932-1935.
Toutefois, depuis la fin de l'année 2018, à la suite du mouvement des Gilets jaunes, le mot et son concept ont refait surface dans les médias. L'entrée « ochlocratie » a ainsi réintégré plusieurs dictionnaires majeurs, comme Le Petit Robert, en 2019.
Ce gouvernement par la foule a pour connotation péjorative le règne de la vulgarité, de la médiocrité. En 1584, l'écrivain anglais John Stockwood décrit l'ochlocratie comme un État dans lequel les personnes grossières décident de toute chose d'après leur propre intérêt. Pour les Grecs, lokhlos, c'est ce qui est inférieur au dèmos. L'ochlocratie se caractérise par une décomposition de la loi et des mœurs. C'est lorsque la démocratie dégénère en chaos politique, lutte quotidienne entre les individus et règne de la force. Elle relève d'une configuration historique que l'on pourrait appeler le « prépolitique », par opposition au « politique » qui se caractérise soit par l'existence de l'État et de la loi soit par l'existence d'une conscience collective et d'une auto-organisation de la Cité (la polis) sans État, favorisant la responsabilisation, la coopération et la cohabitation des Hommes.