vignette|Mendiant Aghori, fin du 19e siècle.
Du sanskrit "A-ghora", "Ce qui n’est pas terrible", "sans peur", "absence de difficultés" (en hindi, aghori signifie « sale, négligé »), le terme Aghori désigne les adeptes d’un courant de l’hindouisme dont les origines demeurent peu connues. Apparentés au Shivaïsme tantrique, les aghoris ont la réputation en Inde d’utiliser des pratiques subversives, telles la consommation d’alcool et de drogues ainsi que la méditation sur des lieux considérés comme impurs par la société hindoue comme les crématoires (Smashan) ; autant de moyens d’accéder à la libération de l’esprit et à l’émancipation finale des cycles de réincarnation (Moksha). Quoique pouvant consommer des charognes humaines, ils se déclarent végétariens.
On peut distinguer comme principaux foyers des aghoris, Varanasi dans l’Uttar Pradesh (Bénarès), Girnar dans le Gujarat, Tara Peeth au Bengale, Kamakhya en Assam, et Pashupatinath au Népal (Katmandou).
On trouve pour la première fois l’utilisation du terme Aghora dans l’Atharva Veda. Il fait opposition à Ghora, qui désigne la difficulté, ce qui fait obstacle à la félicité (Ananda), ce qui induit l’ignorance (Avidya). La divinité (Prajapati) prend la forme à la fois du chemin (Aghora) et de l’obstacle (Ghora). Aghora désigne donc une « voie » possible pour l’homme, menant à la divinité. Par extension, on désigne ainsi les aghoris comme adeptes de la voie "sans obstacles".».
Le Shiva Purana, ainsi que le Linga Purana décrivent "Aghora" comme l’un des cinq aspects de Shiva. Cet aspect se révèle dans la couleur noire, symbole d’extinction, et constitue la face Sud du Lingam (Dakshinamurti). Certains aghoris, notamment provenant des cultes tantriques du Bengale, revêtent ainsi la robe noire, en s’identifiant à cette forme de la divinité.
La plupart des spécialistes du tantrisme s’accordent à dire que le mouvement Aghora provient des Kapalika, "les porteurs de crâne", une secte tantrique originaire du Cachemire, dont les adeptes, des sâdhus revêtus de noir, effectuent leurs rites, se nourrissent et mendient à l’aide d’un bol fait de la partie supérieure du crâne humain (Kapal).