Bar Hebraeus (né en 1226 près de Mélitène, mort en 1286 à Maragha dans l'Azerbaïdjan iranien) est un historien, un médecin et un philosophe syriaque de religion chrétienne, évêque jacobite, écrivain de langue syriaque. Son véritable nom était Gregorios Abu’l-Faradg Gamal al-Din, Abu al-Faraj Ibn al-Ibri ou Aboul Faradj. Il a été connu en Occident sous les noms latinisés d'Abulfaragius et Bar Hebraeus, adaptation de l'expression syriaque Bar 'Ebroyo. Après Yahya ibn Adi, la philosophie syriaque est entrée dans un sommeil apparent. La politique de traduction des textes d'Aristote et d'acculturation philosophique et scientifique menée sous les premiers califes abbassides étant achevée, les chrétiens ont cessé de produire pour la cour. Ce changement extérieur a cependant favorisé un retour limité vers la langue et la pratique religieuse des chrétiens monophysites. Au , le jacobite Dionysius Bar Salibi (mort le ) est célèbre pour ses commentaires aristotéliciens : commentaire de l'Isagogue de Porphyre ainsi que des Catégories, du De Interpretatione et des Analytiques d'Aristote (le commentaire sur les Analytiques est de 1148). Bar Hebraeus était le quatrième fils du médecin Haroun bin Tuma de Mélitène, appartenant à l'Église chrétienne jacobite ; son nom de baptême était Jean. La ville appartenait à l'époque au sultanat de Roum. Le jeune Jean étudia très tôt la médecine sous la direction de son père. En 1243, Mélitène fut investie par les troupes mongoles du général Baïdju ; elle se rendit, fut mise au pillage, paya tribut et fut placée sous l'administration d'un gouverneur représentant le Grand Khan Güyük. Yasa'ur, l'officier mongol qui avait dirigé la prise de la ville, tomba malade et fut guéri par le médecin Haroun. Reconnaissant, il autorisa ce dernier et sa famille à émigrer à Antioche, capitale d'une principauté franque gouvernée par Bohémond V. Le jeune Jean poursuivit ses études, d'abord à Antioche, ensuite à Tripoli, ville de la principauté, auprès d'un professeur nommé Jean le Nestorien.