La théologie de la libération est un courant de pensée théologique chrétienne venu d’Amérique latine, suivi d’un mouvement socio-politique, visant à rendre dignité et espoir aux pauvres et aux exclus en les libérant d’intolérables conditions de vie. Sa référence biblique fondamentale est l’expérience du peuple juif guidé par Dieu au-delà de la mer Rouge et à travers le désert — d’une terre d’esclavage (Égypte) à la Terre promise (Exode, ch. 12 et suivants), elle se veut donc un « cri » prophétique pour plus de justice et pour un engagement en faveur d’un « Règne de Dieu » commençant déjà sur terre. La réflexion théologique part de la base : le peuple rassemblé lit la Bible et y trouve ressources et inspiration pour prendre en main son destin.
L’expression « théologie de la libération » fut utilisée une première fois par le prêtre péruvien Gustavo Gutiérrez lors du congrès de Medellín du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), en 1968. Il développa et articula sa pensée dans un livre Théologie de la libération paru en 1972 qui est largement considéré comme le point de départ du courant théologique. La même année, le presbytérien Rubem Alves soutenait sa thèse, Towards a theology of liberation.
Pour la pratique, l'instrument d'analyse et d'observation utilisé est inspiré du marxisme, . Elle prône la libération des peuples et entend ainsi renouer avec la tradition chrétienne de solidarité. Parmi ses représentants les plus célèbres, on compte les archevêques Hélder Câmara et Oscar Romero ou encore le théologien Leonardo Boff.
Dans la tradition chrétienne, les pauvres ont tenu depuis les origines une place particulière : ils sont à la fois des modèles et des objets de compassion et de charité. La théologie de la libération dépasse ce point de vue, et propose non seulement de soulager les pauvres de leur pauvreté, mais aussi d'en faire les acteurs de leur propre libération. Elle soutient qu'il existe, à côté du péché personnel, un péché collectif et structurel, c'est-à-dire un aménagement de la société et de l’économie qui cause la souffrance d’innombrables « frères et sœurs humains ».