Le peuple kanak (parfois nommé canaque en français) est un peuple autochtone mélanésien français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique Sud. Il constitue la population majoritaire de la province Nord (72,2 %) et de la province des îles Loyauté (94,6 %). Le terme de « kanak » vient de l'hawaïen kanaka signifiant « homme », « être humain » ou « homme libre ». Le terme se généralisa au , à l'initiative des premiers navigateurs et marchands européens, sous la graphie « canaque » en français (Kanaka en anglais) à l'ensemble de l'océan Pacifique, pour désigner plus particulièrement les populations autochtones de ce qu'on appelle traditionnellement la Mélanésie, bien que certains récits du l'utilisent également à propos des Marquisiens ou des Pascuans. Toujours est-il que le terme, lié dans cette graphie à l'imagerie coloniale, prit peu à peu un sens plus ou moins péjoratif pour ne désigner que les populations autochtones de Nouvelle-Calédonie. À partir des années 1970, les autochtones se le réapproprièrent en le « re-océanisant » sous la graphie « kanak ». Le terme, aujourd'hui empreint d'une forte charge identitaire, est devenu l'un des symboles des revendications culturelles et politiques des Néo-Calédoniens autochtones. Le chef historique de la revendication nationaliste et indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, à travers sa pièce Kanaké écrite pour le festival Mélanésia 2000 en 1975, a joué sur l'homonymie de ce terme avec le nom du héros d'un mythe régional de l'aire paicî, « Tein Kanaké », afin, selon Mounira Chatti, maître de conférences en littérature comparée à l'université de la Nouvelle-Calédonie, « de réaliser le glissement de Kanaké, code onomastique donné au héros dans les différentes versions du récit originel, vers un nouveau Kanaké, héros national qui parle au nom de la nation kanak. L'obsession de l'unité kanak amène le futur chef de file du mouvement indépendantiste à purger le mythe d'origine de son caractère régionaliste pour « le hisser au rang d'épopée nationale » (Bensa, 1987 : 428) ».