Un élixir est une liqueur faite à base d'herbes, d'épices ou de fruits. Généralement, la tradition veut que sa composition soit tenue secrète car issue d'une recette séculaire mise au point par un ordre monastique (chartreux, bénédictins, prémontrés, cisterciens, etc.). De plus, à l'origine, sa consommation régulière était garante de bonne santé sinon de longue vie. La tradition veut qu'en 1605, le Maréchal d'Estrées ait remis aux Chartreux de Vauvert, à Paris, (à l'emplacement de l'actuel jardin du Luxembourg), un grimoire contenant la formule de l'élixir de longue vie dans la composition duquel entraient des plantes. Au , seuls les moines et les apothicaires possédaient le savoir nécessaire au traitement des plantes et des simples. La formule, trop complexe, de l'élixir semble indiquer qu'elle ne fut que partiellement élaborée par les chartreux de Paris. Elle arriva, en 1737, au monastère de la Grande-Chartreuse. Les moines y reconnurent la description de nombreuses plantes alpines et décidèrent de suivre la recette dans sa totalité. Ce fut l'apothicaire de la chartreuse, frère Jérôme Maubec, qui fut chargé d'élaborer le nouvel élixir et il réussit à en fixer la formule définitive. Cet élixir, paré de vertus multiples, commença à être commercialisé dans le Dauphiné et en Savoie. Cette tâche incomba au frère Charles qui, à dos de mulet, s'en fut le vendre sur les marchés de Grenoble et Chambéry. Cet élixir de longue vie, connu sous le nom d'élixir végétal de la Grande-Chartreuse, titrait 71 degrés. Il est toujours commercialisé sous ce nom et contient 130 plantes médicinales et aromatiques et ne titre plus que 69°. Il est proposé comme digestif et tonic. La mode lancée, d'innombrables imitations ou contrefaçons, virent le jour. Un des premiers incitateurs à la contrefaçon fut l'État français. Lors de la séparation de l'Église et de l'État, les chartreux furent expulsés et se réfugièrent près de Tarragone où ils continuent à fabriquer leur élixir et leurs liqueurs verte et jaune.