Sans se présenter à l'origine comme un système constitué et unifié, la pensée de saint Augustin (354-430) donne naissance à un ensemble de thèses philosophiques et théologiques que l'on rassemble sous la dénomination daugustinisme. Plus que la lettre, c'est l'esprit d'Augustin qui a régné sur la période médiévale et au moins jusqu'au . À travers saint Augustin, l'idéalisme platonicien domine la théologie. L'augustinisme inclut des thèses sur la nécessité de la grâce pour le salut, la conciliation entre foi et raison, la connaissance naturelle de Dieu, la négativité du mal. Saint Augustin est le seul Père de l'Église qui ait donné naissance à un tel système. Les débats suscités par l'interprétation de l'augustinisme ont largement contribué aux conceptions modernes de la liberté et de la nature humaine. Pierre Mandonnet définit l'augustinisme par « l'absence d'une distinction formelle entre le domaine de la philosophie et de la théologie, c'est-à-dire entre l'ordre des vérités rationnelles et celui des vérités révélées ». Étienne Gilson a écrit que « entre deux solutions également possibles d'un même problème, une doctrine augustinienne inclinera spontanément vers celle qui accorde moins à la nature et plus à Dieu. » Saint Augustin préfère Platon à Aristote et accorde généralement une forme de prééminence du « bien » sur le « vrai ». La notion d'augustinisme politique a été proposée par Henri-Xavier Arquillière en 1934 dans son ouvrage intitulé L'augustinisme politique, essai sur la formation des théories politiques au Moyen Âge. Appliqué au domaine politique, l'augustinisme est, selon , une « tendance à absorber le droit naturel dans la justice surnaturelle, le droit de l'État dans celui de l'Église », une « tendance à absorber le droit naturel de l'État dans la justice surnaturelle et le droit ecclésiastique. » Cela, selon Arquillière, ne correspond pas à la vraie doctrine augustinienne, mais en est une déformation postérieure.