La formule « ennemi du peuple » a été utilisée à diverses époques par le pouvoir alors en place pour disqualifier une personne ou une organisation perçue comme agissant contre les intérêts de la société dans son ensemble. Le terme est proche des notions d'ennemi public et d'ennemi de l’État. Le terme d’« ennemis du peuple » a une longue histoire. Sous l’Empire romain, le Sénat a utilisé l’expression pour désigner l’empereur Néron avant son assassinat. Selon Ernest Renan, au temps des persécutions, on appelait également un chrétien « hostis publicus » (et aussi « hostis patriæ », « humani generis inimicus », « hostis deorum atque hominum »). Depuis cette époque, de nombreux groupes ont utilisé l'expression, y compris les Jacobins au cours de la phase radicale de la Révolution française (la Terreur). L'expression « ennemi du peuple » ainsi que les premières lois contre les « ennemis du peuple » sont apparues au cours de la Révolution française. La loi du 22 prairial an II (10 juin 1794), adoptée par la Convention, influencée par les Jacobins, définissait comme ennemis du peuple ceux qui visaient par la force ou par la ruse à supprimer les libertés publiques. Les ennemis du peuple, c'étaient les partisans du retour du pouvoir royal, les saboteurs qui empêchaient l'approvisionnement de Paris, ceux qui favorisaient la retraite et l'impunité des conspirateurs et des aristocrates, ceux qui calomniaient ou qui persécutaient les patriotes en abusant des lois de la révolution, ceux qui trompaient le peuple et contribuaient ainsi au déclin de l'esprit révolutionnaire, ceux qui répandaient de fausses nouvelles dans l'intention de provoquer des révoltes, ceux qui entraînaient le peuple dans de fausses directions, ceux qui entravaient son instruction. En vertu de cette loi, les ennemis du peuple étaient punis par la peine déterminée par les lois de la Convention. Chaque jour, le tribunal révolutionnaire prononçait en moyenne 50 condamnations à mort.