Une description définie est une expression de la forme le X, dans laquelle X est un nom commun ou une locution nominale décrivant un individu ou un objet déterminé, et un seul (par exemple, « le premier singe de l'espace » ou « le 42 président des États-Unis »). À la différence du nom propre, une description définie ne nomme pas un objet, mais affirme, selon Russell, qu'il existe un et un seul objet qui satisfait cette description.
Russell a développé l'idée de description définie dans l'article On denoting (1905), en opposition à la philosophie du langage frégéenne. Dans l'article Sens et dénotation (1892), Frege distinguait la dénotation, qui est l'objet désigné par l'expression, et le sens, qui est la manière dont elle le désigne. Vénus est ainsi l'objet dénoté dans les deux propositions au sens distinct, « l'étoile du matin » et « l'étoile du soir ». Russell, au contraire, considérait qu'une description définie n'avait aucun sens (Russell employait le terme de « signification »), et n'a une dénotation que dans certains cas. Les descriptions définies n'ont de signification que dans une proposition complète. De façon générale, c'est la distinction elle-même entre sens et dénotation qui pose un problème, selon Russell.
Deux types de difficultés de la division des descriptions peuvent être signalés :
il y a de nombreux exemples où une description définie ne semble pas référer à une réalité telle qu'exigée, comme l'homme est un animal, ou les phrases au pluriel ;
certaines descriptions n'ont pas la forme le X : par exemple, la proposition mon livre peut être reformulée en le livre de moi.
Le groupe nominal le roi de France est l'exemple classique de description définie non satisfaite (i.e. sans dénotation dans le monde réel). Dû à Bertrand Russell, il provient d'un exemple qui, en tant que paradoxe, soulève certains problèmes liés au tiers exclu ou à la dénotation.
(1) L'actuel roi de France est chauve.
Puisque la France, à l'époque où Russell écrit cette phrase, n'a pas de roi, le problème qui se pose est de savoir si un tel énoncé est vrai, faux ou dénué de sens.