La corvée (du latin corrogare, « demander ») est un travail non rémunéré imposé par un souverain, un seigneur ou un maître à ses sujets et dépendants, qu'ils soient de statut libre ou non. Il s'agit d'un rouage essentiel du système politico-économique médiéval et tire son existence de la rareté de la monnaie à cette époque. C'est un impôt perçu de manière non pécuniaire.
On distingue corvée privée et corvée publique. La première consiste en des journées de travail (nommées arban dans certaines provinces de France) consacrées à la pars dominica (terre réservée du seigneur). Concrètement, il s'agit d'assistance au moment des labours, des moissons ou de la vendange. Elle peut impliquer, pour le dépendant, l'utilisation de ses propres bêtes de somme.
En général, la corvée privée tombe en désuétude à partir du , lorsque la monnaie devient d'usage plus courant — du moins dans l'Europe du Sud. Dès lors, elle ne concerne plus qu'un ou deux jours par an, et devient facile à racheter. Seuls les serfs et les personnes libres mais trop pauvres restent « corvéables à merci ». En Europe du Nord et en Angleterre, la corvée privée reste importante tout au long du Moyen Âge.
En France, Sous l'Ancien Régime, on distingue la corvée personnelle liée à la résidence, même si l'on n'a pas de bien, et la corvée réelle due pour des terres redevables de cet impôt, même si l'on ne réside pas dans la seigneurie. La corvée est d'environ 3 jours par an en moyenne. Il s'agit d'un impôt non pécuniaire. La corvée seigneuriale est abolie le 4 août 1789.
La corvée royale est un travail imposé d'entretien des voies et ouvrages d'art publics : routes, ponts, fossés, palissades, etc. La généralisation de la corvée royale amorcée en 1738 par les mesures du contrôleur général des finances Philibert Orry permet d'agrandir et moderniser le réseau des routes en France.
La corvée des grands chemins est abolie à la fin de l'ancien régime. Les Édits de Turgot (Sur une idée du physiocrate Pierre Samuel du Pont de Nemours), abrogés en 1776, suppriment la corvée mais sont un échec partiel.