Maison de verre (Pierre Chareau)

La « maison de verre » est un projet architectural réalisé entre 1928 et 1931 par l'architecte-décorateur Pierre Chareau, l'architecte Bernard Bijvoet et l'artisan ferronnier Louis Dalbet. Elle est située au 31, rue Saint-Guillaume dans le arrondissement de Paris, et fut une commande du docteur Jean Dalsace, gynécologue et promoteur de la planification familiale. À la fin des années 1920, Pierre Chareau reçoit la tâche de Jean et Annie Dalsace de transformer un immeuble du faubourg Saint-Germain en une maison destinée à la vie familiale et professionnelle. En raison de la présence au dernier étage de locataires, inamovibles et ne voulant pas partir, Chareau imagine de poser la maison sur des pilotis et de l'éclairer par une façade de verre. La nouvelle maison s'est ainsi glissée sous l'ancien hôtel particulier datant du . Le docteur Jean Dalsace (1893-1970) était un militant pacifiste et un membre du Parti communiste français qui a joué un rôle important dans les événements anti-fascistes et culturels. Dans la seconde moitié des années 1930, la salle de séjour de la maison de verre, très haute sous plafond, a été transformée en salon, lequel était régulièrement fréquenté par des intellectuels marxistes comme Walter Benjamin ainsi que des poètes et artistes communistes ou surréalistes comme Louis Aragon, Paul Éluard, Jean Cocteau, André Masson, Max Ernst, Yves Tanguy, Joan Miró, Pablo Picasso et Max Jacob. Selon l’historienne d’art américaine Maria Gough, la maison de verre a beaucoup influencé Walter Benjamin, particulièrement son interprétation constructiviste du projet utopique de Paul Scheerbart pour une future , pour un , comme ce dernier l’a exprimé dans son traité sur l’Architecture de verre de 1914. Walter Benjamin estimait que . La maison de verre a été classée monument historique en 1992. Le journal new-yorkais le New York Times considère la maison de verre comme . Un film documentaire sur la maison a été réalisé en 2004 par les cinéastes Richard Copans et Stan Neumann pour leur série Architectures, diffusé sur Arte.

Pour une ruralité nouvelle et engagée – le refuge culturel des villageois de Saint-Martin (VS)

Anne-Michèle Savoy

Les villages de montagne sont en quête d’un nouveau souffle. Eloignés des grandes polarités et touchés par la dépopulation, ils peinent à attirer de nouveaux habitants. Cependant, dans un monde en pleine mutation, tant environnementale que sociale, un nouveau profil de villageois apparaît, les “champêtres engagés”. Cette tranche de la population qui aspire à un mode de vie plus lent, authentique et conscient des enjeux globaux, est engagée dans la vie communautaire et représente un nouvel espoir pour les villages alpins. Le refuge culturel aspire à créer un lieu de rencontre adapté à ces nouveaux habitants, un lieu de rassemblement placé sous le signe du savoir, de la culture et de l’engagement. Il vise à marquer un tournant dans l’histoire villageoise et à devenir la nouvelle église de ces territoires excentrés. Pour prétendre à cette force symbolique et parler à des générations futures, le nouvel édifice comprend un certain degré d’abstraction. Ainsi, son aspect extérieur est celui d’une coque solide en béton blanc, qui évoque les habitations traditionnelles de la vallée. A l’intérieur, le refuge se présente sous la forme d’un volume de bois et de verre, détaché de sa coque protectrice. Il vient occuper librement l’espace et adapte la lumière aux différentes ambiances programmatiques: bibliothèque, espace d’exposition, salle communale, UAPE – unité d’accueil pour écoliers – et caveau. L’ensemble des étages se déploie dans une atmosphère qui mêle recueillement et effervescence, traduisant à la fois les racines profondes du changement et le dynamisme social retrouvé.

2019

Un couvent dominicain aux Pâquis, Genève

Yann Petter

A la fois maison de Dieu et maison de l'homme, le couvent est le lieu par excellence dans lequel se mêlent de nombreux contrastes: ouverture et clôture, silence et agitation, privé et public ... Dans l'optique d'un couvent dominicain inséré au centre de la ville du XXIe siècle, comment l'architecture assume-t-elle ces dichotomies? Quelle forme pour des modes de vies si spécifiques et quel caractère revêt-elle aujourd'hui? La vocation des frères dominicains est d'œuvrer auprès de la population urbaine et sa mission porte principalement sur l'enseignement. En réponse à cet apostolat, l'édifice s'intègre dans un îlot du quartier populaire des Pâquis. Le couvent prend dès lors la configuration d'un volume allongé et tisse un lien entre la rue et la cour. La densité du lieu permet de réinterpréter le plan traditionnellement horizontal du couvent en une organisation verticale. Véritable lieu de rassemblement, l'édifice comprend également des logements étudiants et des espaces communautaires pour le quartier. Le couvent abrite un monde intérieur qui s'articule autour du parcours du frère entre la ville et la cellule. Trois espaces majeurs ponctuent cette procession verticale: l'entrée publique traversant l'édifice, l'église au cœur du couvent et le cloître en toiture. Tous trois sont réunis autour d'un puits lumineux invitant à l'ascension. Entre ombre et lumière, ces vides creusés dans l'albâtre forment l'écrin dans lequel les frères trouveront à la fois la communauté et l'isolement propice à leurs aspirations.

2013