Les Quatre livres de sentences de Pierre Lombard (Libri Quattuor Sententiarum) sont un traité de théologie composé vers 1146. Il s'agit de l'un des livres les plus importants du Moyen Âge. Il est utilisé dans les universités médiévales comme manuel théologique de base, à partir des années 1220 jusqu'au . Si ce recueil n'est pas le premier du genre, c'est le plus clair et le mieux ordonné de tous ceux qui nous sont parvenus. Aussi s'est-il rapidement imposé comme un traité incontournable, l'une des bases de la scolastique et des sommes théologiques qui fleurissent au . Il ne sera remplacé qu'au , dans le cycle des études universitaires, par la Somme théologique de Thomas d'Aquin. Il est composé de quatre livres et de 182 sentences. Le premier livre (48 sentences) traite de la Divinité (Trinité, prescience, providence, toute-puissance). Le second (44 sentences) de la Création (la matière, la création en six jours, l'homme, le pêché, la grâce). Le troisième (40 sentences) traite de l'Incarnation et de la Rédemption (vertus théologales, lois morales et civiles, commandements, incarnation, rédemption et nature du Christ). Le quatrième (50 sentences) traite des sacrements et des fins dernières (la résurrection, la béatitude future). Ainsi se trouve fixé le plan des études théologiques jusqu'à la Renaissance et au-delà. Contrairement à une opinion courante, le livre de Lombard est plus qu'une compilation des Pères de l'Église. Cherchant après d'autres à fixer la doctrine chrétienne en se basant sur un grand nombre d'autorités (la Bible, Augustin, Ambroise et Hilaire sont le plus souvent cités. Jean Damascène est cité pour la première fois dans une œuvre latine), Lombard utilise la méthode des distinctions pour exposer sous forme d'articles divisés et subdivisés l'ensemble des dogmes. Méprisant la dialectique et les dialecticiens qu'il traite de « raisonneurs bavards plus vaniteux que capables», il utilise cependant de subtiles distinctions pour concilier des autorités de sens opposés.