Le conatus est un concept fondamental de l’Éthique de Spinoza. Le terme latin signifie littéralement l'« effort » ; pour Spinoza, toute chose qui existe effectivement ou « réellement et absolument » fait l'effort de persévérer dans son être ; Spinoza nomme conatus la puissance propre et singulière de tout « étant » à persévérer dans cet effort pour conserver et même augmenter sa puissance d'être. Le conatus est un terme dont l'extension à tout étant-existant singulier est universelle et si, par restriction, on en limite l'application seulement à tout être « vivant », alors il prend le nom moins abstrait d'« appétit ». L'appétit se manifeste nécessairement sous les deux manières d'être indissociables par lesquelles s'exprime l'être à la raison « commune » des hommes : la matière (en tant que puissance d'agir et donc de produire des effets) et l'esprit (en tant que puissance de penser). Chaque chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être.L'effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être n'est rien de plus que l'essence actuelle de cette chose. À vrai dire, le conatus n'appartient donc pas seulement à l'être humain : la Nature (ou Dieu, chez Spinoza les deux notions coïncident selon la formule Deus sive Natura) en est également marquée, ce qui la rend à la fois, « naturante » et « naturée » ; naturante en tant que productive (et non pas « créatrice » dans le sens de la « Création » biblique, qui est, elle, une création « ex nihilo » ; notion fondamentalement irrationnelle pour Spinoza) ; naturée en tant que produite (effectuée). La nature naturante correspond à l'activité de la substance qui est « cause de soi », et la nature naturée correspond à ce qui découle de la nécessité de cette substance. Chez l'homme, le conatus s'exprime dans l'âme, mais tout aussi bien dans le corps. Le corps cherche spontanément l'utile et l'agréable ; l'âme, quant à elle, recherche spontanément la connaissance.