L’eusébie (en grec ancien /eusébeia, de /eũ () et /sébas () est, en philosophie, le respect dû aux dieux. Dans les Définitions, le platonisme donne cette définition de l’eusébie : . Le mot désigne et englobe la piété, et la dépasse. Le philosophe péripatéticien Théophraste, qui a écrit De l’Eusébie sur le sujet, déclare que l’on ne peut être dit vertueux sans elle. Théophraste dit également qu’elle ne consiste pas en la magnificence de sacrifices, mais au respect que l’on témoigne à la divinité. Le philosophe stoïcien Épictète explique que le fond de l’eusébie consiste à juger sainement, à penser que les dieux existent Selon Épictète, ce conseil permet de ne jamais s'en prendre aux dieux et de ne jamais se plaindre d’en être négligé. L’essence même de l’eusébie est la reconnaissance d’un lien à l’ordre du monde, sens qui s’éloigne totalement de la piété des chrétiens, qui ne consiste qu’à croire en Dieu et suivre les dogmes et la vertu. Une notion commune est la reconnaissance des devoirs, d’observation de la loi divine de ce qui nous relie à la divinité, mais le concept philosophique se rapproche de la cosmétique, une science de l’ordre universel, de la morale qui détermine le monde dans le sens d'un bon ordre des choses, d’une maturité spirituelle. L’eusébie est le respect d'un juste milieu, la connaissance de limites à ne pas franchir avec les lois divines ; il s’agit avant tout de respecter les traditions des ancêtres et d’accorder aux dieux leur dû - offrandes, prières - quitte à accomplir les rites sans en connaître la signification profonde. La piété est avant tout civique (il faut aussi indiquer que la charge de prêtre, sauf dans de rares cas, est civile et qu’il n’existe pas de clergé) : chaque cité est protégée par une divinité tutélaire. Lui manquer de respect, c'est risquer qu’elle cesse d'assurer cette protection, danger qui concernerait tous les citoyens. Les obligations de la communauté concernent d’abord le respect de la tradition ancestrale. Celles de l’individu sont multiformes.