En philosophie, la théorie du double aspect est une théorie épistémologique ou métaphysique s'appuyant sur l'idée que la conscience (ou l'« esprit ») et la matière sont deux aspects complémentaires et irréductibles l'un à l'autre de la même réalité fondamentale. Celle-ci y est présentée le plus souvent comme un domaine ontologique sous-jacent se manifestant à parts égales sous les deux aspects, liés ensemble indissociablement, de la subjectivité (ou « intériorité ») et de l'objectivité (ou « extériorité »). Ainsi, chaque individu pensant peut se connaître sous deux aspects : l'un « interne » et l'autre « externe », l'un psychologique et subjectif, l'autre physique et objectif. Leurs voies d'accès reposent respectivement sur l'introspection et sur l'observation scientifique (par exemple l'observation du fonctionnement cérébro-moteur). Certaines versions de la théorie du double aspect sont qualifiées de « monisme à double aspect » car elles soutiennent la thèse d'une réalité unique qui ne peut être appréhendée de manière directe, mais qui se manifeste néanmoins de façon indirecte sous deux aspects. Durant la seconde moitié du , sous l'influence des doctrines de Spinoza, Leibniz et Schopenhauer, la théorie du double aspect finit par associer parallélisme psychophysiologique et panpsychisme. Elle est alors soutenue en Allemagne par Gustav Fechner et Wilhelm Wundt, en Angleterre par Alexander Bain, en France par Hippolyte Taine, qui tous sont des précurseurs de la psychologie expérimentale. Dans les années qui suivent le milieu du , très marquées par le renouveau cartésien, le monisme de Baruch Spinoza présente une théorie des attributs selon laquelle une unique substance possède une infinité d'attributs parmi lesquels seuls l'esprit et la matière nous sont connus. C'est donc relativement à la connaissance humaine que la doctrine de Spinoza s'apparente à une théorie du double aspect. Tandis que Descartes admettait l'existence de trois substances – l'esprit (la « pensée »), le corps (l'« étendue ») et leur union indivisible – Spinoza affirme l'existence d'une substance unique dont les attributs, en nombre infini, sont des manifestations complètes.
Olaf Blanke, Oliver Alan Kannape
Martin Vetterli, Olaf Blanke, Christof Faller, Fritz Menzer, Pär Halje