Un analyseur différentiel était un calculateur analogique conçu pour résoudre des équations différentielles par intégration, en utilisant des systèmes de roues et de volants. Il a été l'un des premiers appareils de calcul évolué à être utilisé de façon opérationnelle. La première description d'une machine à intégrer les équations différentielles d'ordre quelconque est celle publiée en 1876 par James Thomson. Il faut toutefois noter que, dès 1836, Coriolis avait proposé un intégrateur mécanique applicable aux équations différentielles du premier ordre. L'une des premières applications pratiques des idées de Thomson fut la machine à prévoir les marées de Kelvin (1872-3), puis le système de conduite de tir électromécanique pour l'artillerie navale mis au point par Arthur Pollen (1912). En 1913, le mathématicien italien Ernesto Pascal a écrit un traité sur les intégraphes (intégrateurs mécaniques). Ces travaux sont mentionnés dans le livre de Maurice d'Ocagne sur la nomographie. La première version utilisable de l'analyseur différentiel de Thomson a été construite par H. W. Nieman et Vannevar Bush et mise en route en 1927 au Massachusetts Institute of Technology. Ils ont publié un rapport complet sur leur appareil en 1931. Douglas Hartree de l'Université de Manchester ramena les plans en Angleterre, où il construisit son premier modèle (avec son étudiant, Arthur Porter) en 1934. Sur les cinq années qui suivirent, trois modèles supplémentaires furent créés, à l'Université de Cambridge, à l'Université Queen's de Belfast, et au Royal Aircraft Establishment à Farnborough. Aux États-Unis, différents analyseurs furent construits à la base aérienne Wright-Patterson et dans les sous-sols de la Moore School of Electrical Engineering à l'Université de Pennsylvanie au début des années 1940; ce dernier était utilisé systématiquement pour la réalisation des tables de tir d'artillerie avant l'invention de l'ENIAC, qui, à bien des égards, fut inspiré de l'analyseur différentiel.
Timothy Goodman, René Chavan, Matteo Vagnoni