Le légat apostolique (du latin legatus, « envoyé »), ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d'une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint-Siège auprès des gouvernements étrangers. La pratique des légats n'est pas attestée avant le concile d'Arles, en 314, dont les souscriptions mentionnent quatre (missi) par l'évêque de Rome, Sylvestre. Elle se développe au fil des conciles qui suivent et le terme « légat », repris de l'usage romain, s'impose à partir de la fin du . Grégoire I leur donne la part belle et explique sa vision de leur fonction en 591, dans une lettre aux évêques de Sicile : ils représentent l'autorité pontificale. On reprend également pour les désigner le titre d'apocrisiaire utilisé par l'Empire byzantin. Les légats peuvent agir au nom du pape sur un dossier précis, mais ils exercent le plus souvent une compétence générale. Après une période de déclin liée à celui de la papauté, les légats reprennent de l'ampleur et gagnent des nouveaux pouvoirs dès les prémices de la réforme grégorienne : ils ont les évêques sous leur juridiction, peuvent convoquer des synodes et réorganiser une Église locale, et prennent pied dans les cours royales. Ainsi, deux légats de Nicolas II assistent en 1059 au sacre de Philippe I de France. Au , les décrétalistes tentent d'introduire une typologie. Les legati nati ou creati sont des archevêques dont la légation est liée à leur office : c'est le cas par exemple à Arles, Canterbury, Prague ou Salzbourg. Les légats peuvent l'être a latere (de l'expression latine missus e latere suo, littéralement « détaché du flanc du pape »), expression qui marque l'étendue de leur autorité : ils sont l'équivalent du pape dans le territoire dans lequel ils sont envoyés. Apparu pour la première fois en 860 pour des légats ayant rang d'évêques, le titre est rapidement réservé aux cardinaux.