Dans le contexte de la philosophie mystique d'obédience ou de tradition chrétienne, la déité est ce par quoi Dieu est, autrement dit, le fondement de son être, son principe. La déité est généralement décrite comme l'Un au-delà de la Trinité, la nature absolument originelle qui préside à l'engendrement du Multiple (les trois Personnes de la Trinité, le Créateur et sa création, les « étants »). Considérée comme la racine ou la source de l'être, la déité renvoie le plus souvent à un « au-delà » qui n'est pas de l'ordre d'un ailleurs, à un « sans-lieu » qui, tel un horizon, se retire à mesure que l'on avance en sa direction. La métaphore de l'abîme sans fond est souvent utilisée pour en décrire le caractère négatif, que ce soit sur le plan gnoséologique – en tant qu'elle échappe par nature à la connaissance –, ou sur le plan ontologique, lorsqu'elle est envisagée comme un préalable à toute existence. Parfois identifiée à l'être en tant que tel, la déité peut à l'inverse être rapprochée du néant au sens où elle précède l'existence même. Puissance active impersonnelle, la déité ne fait pas l'objet d'un culte mais invite à la méditation ou à la spéculation religieuse, notamment chez les penseurs mystiques et romantiques. Plus largement, le mot « déité » peut également être un synonyme de « divinité ». À partir des textes de saint Augustin et de Boèce, concernant spécialement la Trinité, se développe au une réflexion théologique sur la nature de Dieu, autrement dit, sur sa « divinité » ou « déité ». Une phrase de saint Augustin en particulier suscite nombre de commentaires : . Dans ses Commentaires sur Boèce, l'évêque Gilbert de la Porrée, théologien et philosophe affilié à l'école néoplatonicienne de Chartres, introduit une nouveauté dans cette réflexion en identifiant le couple Dieu/déité au couple du id quod est et du quo est, du « ce qui est » et du « ce par quoi cela est », hérité de Boèce.