Le terme « ghetto » désigne originellement un quartier imposé aux Juifs par les autorités politiques de l'État, où ils doivent vivre séparés de la population non juive. Ce dispositif de séparation va de pair avec l'autorisation qui leur est donnée par les autorités de l'État de pratiquer le judaïsme et de s'organiser pour leurs affaires internes, toujours sous le contrôle de l'État. Si l'institution du ghetto permet le maintien des spécificités culturelles des Juifs, il ne signifie en aucun cas une situation d'autonomie.
Il apparaît dans la république de Venise, en 1516, après que le Conseil des Dix a décidé de regrouper les membres de la communauté juive à Cannaregio, sur le site d'une ancienne fonderie (ghetto de Venise). En vénitien, getto ou ghetto signifie « fonderie ». Le mot a été rapproché, dès le , de la racine hébraïque guet, qui signifie « séparation », « divorce », mais ce rapprochement n'est pas justifié. Rarement employé, le terme de « cancel » est aussi utilisé dès 1428 par le Conseil de Genève pour désigner ce genre de quartier.
Par extension, le terme ghetto s'emploie depuis le début du pour parler d'un quartier dans lequel se concentre une minorité ethnique, culturelle ou religieuse.
Les quartiers juifs ont existé de tout temps en diaspora. Les Juifs ont en effet besoin de se rassembler pour de simples raisons religieuses : les règles alimentaires de la cacherout exigent l'abattage rituel, la prière est indissociable du minian, l'observation stricte du chabbat nécessite de rester près de la synagogue, l'importance de l'éducation impose de se regrouper pour ouvrir des écoles. Un repli de la religion juive sur un « passé mythifié » et une « appartenance culturelle exclusive » sont également parfois avancés pour expliquer cette tendance au rassemblement communautaire. En 1084, Rüdiger, évêque de Spire, accorde aux Juifs de sa ville toute une série de droits. Il leur laisse un quartier séparé . Le quartier juif, situé dans la banlieue de Spire, est entouré d'un mur et comprend un cimetière et une synagogue.