vignette|Barbier réalisant une saignée grâce à son instrument de l'époque, une lancette, . Le barbier chirurgien était à la fois barbier et chirurgien. Il apparait vers la fin du , et disparait au cours du . Cette association, et cette disparition, peuvent se comprendre à la suite d'un changement d'épistémè. Depuis l'Antiquité, il existait une tradition médico-chirurgicale savante, basée sur l'écrit, mais aussi tout un ensemble de pratiques empiriques transmis par voie orale et par apprentissage. Les soignants illettrés empiriques étaient majoritaires : fermier-guérisseur, serveuse-sage-femme, guerrier-chirurgien, rebouteux, herboristes... Il y avait ainsi une médecine agricole ou domestique, où un propriétaire de bétail ou d'esclave pouvait être capable de donner des soins. La pratique médico-chirurgicale était un art public, dans un marché libre et ouvert à tous, où les iatroi ou medici pouvaient être côtoyés ou concurrencés par des boxeurs, des palefreniers, des maitres d'école ou tout autre amateur éclairé. Le rôle et la position sociale de ces soignants et guérisseurs restaient le plus souvent indéterminés. D'après Vivian Nutton, ce qu'on appelle aujourd'hui les « professionnels de santé », subdivisés en catégories bien distinctes et règlementées, n'existaient pas tels qu'on les connait depuis le début du . Ils se répartissaient alors, et jusqu'au début du Moyen Âge, de façon continue sans ligne de partage fixe ou identique partout, en se chevauchant dans leur domaine de compétence. Dans l'Antiquité tardive, à partir du a.p. J.-C., au sein de la tradition écrite et sous l'influence du galénisme, la théorie et la pratique médico-chirurgicale tendent à se séparer. La dislocation du monde romain et le monothéisme chrétien entérinent cette scission dans la tradition savante (« orthodoxie » canonique des textes religieux, puis médicaux). vignette|Soins chirurgicaux selon un manuscrit anglais du : à gauche, patient atteint de goutte aux pieds que l'on incise et cautérise, à droite en haut patient atteint de hernie inguinale, à droite en bas opération des hémorroïdes.