L'anthropologie juridique est une science qui tente d'aborder les phénomènes juridiques avec une approche sociale, culturelle et symbolique. C'est un domaine particulier de l'ethnologie. Henry Sumner Maine a joué un rôle de premier plan dans l'émergence des problématiques de cette discipline, notamment lorsqu'il publie Ancient Law en 1861. Pour la première fois le droit n'est plus seulement considéré comme le système normatif nécessaire à toute société, mais on commence à lui reconnaître une dimension explicative de l'ensemble des phénomènes sociaux et culturels. Le domaine particulier de l'anthropologie juridique a lui été institué par Marcel Mauss, le droit ayant été totalement inclus dans le social, lors de la théorisation de la notion de fait social total. Bronislaw Malinowski dans son ouvrage Crime and Custom in Savage Society (1926) assimile pour sa part les notions de juridicité et de contrôle social. Il considère en effet avant tout le caractère coercitif du système juridique, notamment dans le droit primitif. Face à cette conception simplifiée, les anthropologues américains et britanniques ont vivement réagi. Par exemple Radcliffe-Brown qui rappelle que tout système de normes n'est pas nécessairement synonyme de droit, et qui propose de n'utiliser ce terme que lorsque, dans une société donnée, l'existence d'une institution chargée de l'appliquer est avérée (par exemple : un tribunal judiciaire). Max Herman Gluckman se consacre pour sa part à l'étude particulière des conflits, notamment dans les sociétés où il existe ce type d'instance spécialisée dans la résolution judiciaire de ceux-ci. Ainsi il décrit la procédure et les mises en place des jurisprudences chez les Barotse d'Afrique du Sud. Récemment en France, c'est Pierre Bourdieu qui constitue la figure de proue de la réflexion anthropologique sur le droit. Il s'interroge notamment sur la pertinence des catégories juridiques occidentales lorsqu'elles sont naïvement appliquées à la description des sociétés exotiques.