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La ville de Genève a une longue tradition en matière de coopération et de diplomatie. Elle abrite aujourd’hui le siège de 22 organisations internationales, 250 organisations non-gouvernementales et constitue avec ses 40'000 fonctionnaires internationaux et diplomates, le deuxième centre de coopération le plus important du monde après New-York. Cette population, fortement cosmopolite et résidant peu de temps dans la ville, est intéressante pour analyser la dimension urbaine de la socialisation virtuelle. En effet, en raison de la forte croissance démographique que l’attractivité économique de Genève entraîne, le marché du logement est soumis à une sévère crise (taux de vacance de 0,2%) dont l’impact est une ségrégation entre la population de la Genève dite internationale, (cosmopolite, peu ancrée localement, qui entretient des réseaux sociaux à l’échelle mondiale) et la Genève dite locale (dont l’entité d’identification principale est la commune, faisant état d’une mobilité résidentielle restreinte). Cette ségrégation se lit à la fois de manière spatiale, avec une distribution inégale sur le territoire, et sociale, compte-tenu du problème public que constitue la présence des « internationaux » ou des « expats » au sein de la population genevoise, de plus en réticente à cette présence dont elle juge qu’elle influence négativement les conditions socioéconomiques de la région. Face à cette ligne de ségrégation, les membres de la Genève internationale utilisent les technologies informatiques afin d’élargir leurs réseaux et de cette manière s’intégrer plus efficacement à la ville. Blogs, forums et sites de rencontres ont pour fonction d’informer les nouveaux arrivants désirant trouver un logement ou une école, mais sont principalement utilisés pour organiser des événements sociaux, constituer des groupes affinitaires, partages des expériences liées à la vie d’expatrié, etc. Ma présentation s’interrogera dans un premier temps sur la manière dont la socialisation virtuelle s’inscrit dans l’espace physique de la ville de Genève. Comment s’articulent territoire urbain et espace virtuel ? Comment la socialisation virtuelle influence-t-elle la manière d’appréhender la ville des fonctionnaires internationaux ? Dans un deuxième temps, les modes de socialisation virtuels des fonctionnaires internationaux posent la question de la méthode de recherche et de la conduite des terrains d’enquête. A la croisée entre une approche multi-située (Marcus) et d’ethnographie virtuelle (Hine, Mason), quels défis les flux virtuels sur lesquels s’appuient les élites migrantes de Genève posent-ils à l’anthropologie urbaine contemporaine ?