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Dans le Lavaux, la longue bande grise formée par l’autoroute scinde le paysage en deux. Sur la route, le conducteur curieux se voit frustré de ne pas pouvoir profiter de la vue. Dans le mouvement incessant des voitures, la seule halte permettant d’observer la vigne, le lac et ses montagnes est station-service. Actuellement, les stations-services ne sont que de simples dilatations éphémères de la route. Régies par la voiture, sans âme ni repère, elles n’offrent aucune qualité au paysage qu’elles occupent ni à l’homme qui les fréquente. Le projet Passage du poète, s’appuie sur ces deux éléments fondamentaux oubliés des stations-services: le contexte et l’homme. Afin de répondre autant à l’aspect fonctionnel du lieu qu’à l’aspect contextuel et émotif, le projet se divise en trois types d’interventions: une répondant à l’autoroute, l’autre aux vignobles et aux champs et la dernière au paysage plus large formé par le lac et les montagnes. Le mot passage comprend que l’homme transite dans un contexte particulier qui se doit d’être magnifié tout en acceptant sa qualité de lieu momentané. «Et ce qui doit s’en aller s’en va, ce qui est mobile redevient mobile» (Charles-Ferdinand Ramuz, Passage du poète, [1923], 1990, p. 28). Le mot poète implique que ce lieu doit offrir à n’importe quel homme la possibilité de ressentir, de vivre et de comprendre. «Un poète est venu, on ne l’a pas reconnu et on ne sait pas qui il est. C’est simplement un homme, un homme parmi les hommes, un homme comme les autres hommes.» (ibidem, p. 37)