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L’association des biens communs à la ville est le propre de ce début de siècle. Elle constitue un virage théorique marquant, particulièrement lisible dans le débat interdisciplinaire de ces dix dernières années. Ni son amplitude, ni ses retombées ne peuvent encore être mesurées. Au même titre que d’autres champs de réflexion parmi lesquels la politique, la sociologie et l’économie font offices de références, le domaine de l’urbanisme s’est lui aussi récemment montré enclin à en étudier les enjeux, avec pour principale visée le dégagement d’horizons de projets. Dans un tel contexte, la présente proposition entend revenir sur la distinction non seulement géographique, mais aussi historique, entre communs ruraux et communs urbains, afin de dégager une évaluation critique de leur possible convergence. Quelles possibilités et quels cadrages théoriques pour des communs agro-urbains ? Historiquement la tradition du commun demeure fortement liée aux spécificités du contexte rural, et à ses ressources : en premier lieu agricoles. Aussi, et jusqu’à la fin des années 1990, l’étude de formes d’organisations autogérées autour de ressources partagées s’est majoritairement limitée aux aspects relatifs à leurs origines pastorales. L’œuvre de la référente Elinor Ostrom est à ce titre focalisée sur des ressources naturelles. Pâturages, pêcheries, forêts et systèmes d’irrigation constituent le principal corpus de ses études. Dans son ouvrage Governing the Commons. The Evolution of Institutions for Collective Action (1990), des marges à peine balisées laissent entrevoir la possibilité d’un déplacement du rural à l’urbain, principalement limitées à l’évocation des structures artificielles. Ce n’est que récemment que la réflexion sur les communs s’est véritablement tournée vers la recherche de points d’accroche significatifs dans le milieu urbain. Le déplacement – ou la contagion – de principes issus de l’agriculture sur le terrain de la ville mérite d’être évalué, pour en comprendre les continuités et les ruptures, ainsi que les marges de recouvrements. La méthode retenue consiste à dessiner les contours d’un tableau sémasiologique du commun, orienté sur la construction d’une relation ville-campagne. Un panorama aussi diachronique entend s’appuyer sur des confrontations ciblées issues du champ de l’urbanisme : indicateurs d’une cartographie théorique et critique des différentes formes de communs. Sans écarter les limites d’un tel exercice, exposé au risque d’associations rhétoriques et précaires, il s’agira de déblayer les lignes sémantiques et conceptuelles permettant d’envisager le possible retour du commun dans les marges de la ruralité, après le saut vers l’urbain : l’agro-urbain, ou l’objectif d’une synthèse la plus fine possible entre deux milieux manifestant des interprétations multiples d’une même notion.
Valentin Daniel Maurice Bourdon