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Façonner une ville accueillante, pour toutes et tous, est aujourd’hui l’ambition affichée de nombreuses politiques publiques. Cette ambition, à la fois politique et programmatique, répond à une demande citoyenne de plus en plus audible dans le débat public pour une réduction des injustices spatiales et un libre-accès aux potentialités urbaines et particulièrement à son espace public. La qualité de la création de l’espace public conditionnerait en quelque sorte la capacité à s’approprier la ville. Créer des espaces publics permettant l’accueil du plus grand nombre d’êtres humains, tout en respectant leur individualité, est une tâche pérenne. Si l’objectif d’inclusivité doit impérativement guider la construction de l’espace public, la capacité à faire évoluer sa programmation et sa régulation est tout autant primordial, afin d’adapter l’offre à la réalité des usages. Cependant, saisir et appréhender les besoins des habitants de la ville et du territoire, en changement constant, exige de faire évoluer les processus de la fabrique urbaine. Comprendre finement les usages, mettre en lumière les processus potentiels de ségrégation progressive de certaines parties de la population sont ainsi nécessaires pour accompagner l’espace public sur le long terme et garantir durablement son accessibilité et son aménité. Ainsi, Kaufmann et Ravalet (2019) en ouverture à leur ouvrage sur l’urbanisme par les modes de vie en appelaient à « reconnaître la diversité » en repartant « des pratiques, des attentes et des aspirations des acteurs, qu’ils soient individuels ou collectifs ». Malgré l’actualité du thème de l’inclusivité de l’urbanisme, nous manquons aujourd’hui d’études empiriques de grande ampleur qui nous permettraient de reconnaître la diversité. Celles-ci sont nécessaires à plus d’un titre ; d’abord parce qu’elles sont à même de révéler les points spécifiques sur lesquels doit porter l’attention de la collectivité publique, mais aussi parce qu’elles permettent d’orienter l’accompagnement des usages. Enfin, une étude des pratiques effectives réalisées dans un espace public pensé et mis en œuvre par la collectivité lui permet de tirer des enseignements a posteriori et de faire évoluer sa propre pratique réglementaire et programmatique. La présente étude entend contribuer à ce besoin d’enseignements empiriques. Elle poursuit une double ambition : investiguer les usages sur trois espaces publics pour en optimiser l’accessibilité et l’aménité ; tirer des enseignements généraux permettant d’élaborer des lignes directrices pour la construction de futurs espaces publics à Genève. Les terrains étudiés partagent la particularité d’avoir été pensés en même temps, à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle ligne ferroviaire CEVA et de s’insérer dans des contextes déjà bâtis, différents les uns des autres. Sis sur les communes de Lancy et de Chêne-Bourg, ces espaces publics prennent place sur des centralités métropolitaines en devenir. Ils sont ainsi la forge des nouveaux usages sur une métropole transnationale genevoise en formation