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5 novembre 2018, centre-ville de Marseille : deux immeubles s’effondrent, emportant avec eux huit victimes ainsi que les convictions d’antan : on ne sait plus si le bâti ancien peut encore tenir. La Ville, qui craint alors un effet domino de ces constructions aux murs mitoyens porteurs, décide d’évacuer tous les logements avoisinants. Depuis ce drame, les ex-résidents tentent d’habiter des hôtels de fortune et les façades des édifices encore debout cachent une silencieuse et lente agonie. Pourtant, dans la rue, l’effervescence si particulière de Noailles, surnommé le « ventre de Marseille », est encore là. Ce projet se concentre sur onze immeubles mitoyens du quartier, en interrogeant les possibilités de réhabilitation. L’étude commence par une lecture du bâti existant, pour comprendre les logiques constructives, pour savoir ce que l’on peut conserver et ce que l’on doit détruire. Mais le projet a aussi à cœur d’aller à la rencontre des habitants, d’écouter leur parole et d’observer leurs pratiques. Ainsi, entre réalité constructive et désir d’usages, le projet propose de relier ces immeubles par une percée intérieure diagonale. Allant de la rue au jardin, elle prend la forme d’une enfilade de pièces autour de laquelle se déploient des duplex aux typologies diverses. Le décalage de niveaux qu’elle engendre est mis à profit, au sein de chaque logement, pour créer des usages multiples et moins déterminés, laissés à l’imagination des habitants. Finalement, puisqu’elle reprend les caractéristiques des ruelles méditerranéennes, elle verra peut-être un jour le linge sécher aux fenêtres.