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La médiation des flux linguistiques par une poignée d’acteurs mondiaux a permis la constitution de modèles de la langue dont les performances sont aujourd’hui sans précédents. Ce texte revient sur les thèses principales qui expliquent des dynamiques économiques et technologique à l’origine de ce phénomène, prolongeant les réflexions préalablement entamées (thèses 1 et 2), pour ensuite développer la question du développement et de l’usage des nouveaux modèles basé sur le capital linguistique accumulé (thèses 3 et 4) et les conséquences sur les nouvelles formes de médiation algorithmiques qui en découlent (thèse 5 et 6). L’enjeu est de comprendre le basculement qui s’opère dans l’économie de l’expression quand les algorithmes produisent des écrits de performativité supérieure à la langue courante et sont donc naturellement utilisés pour produire du texte par l'intermédiaire de prothèses. Nous assistons à ce que l’on pourrait qualifier de “second régime du capitalisme linguistique” allant au-delà de la vente aux enchères des mots pour proposer additionnellement la vente de services linguistiques se substituant à l’écriture même. Il devient alors possible, à l’image des services de traduction automatique, mais cette fois-ci pour sa propre langue, de s’exprimer avec plus d’efficacité et de produire de l’écrit adapté aux diverses exigences des situations de la vie professionnelle ou privée. Nous discutons comment la généralisation de ces prothèses linguistique pourrait conduire à une atrophie de la capacité expressive, pour l’écriture dans un premier temps et, peut-être, à terme pour l’oralité.