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Dans cette communication, nous souhaitons aborder la question du dessin d’invention comme lieu de rencontre de différentes cultures techniques en Angleterre au tournant du XIXe siècle. Le dessin d’invention peut être considéré comme une sous-partie de la vaste catégorie des dessins techniques. À la différence d’autres types de figurations (dessins de présentation, de production ou encore de discussion), celui portant spécifiquement sur l’invention s’inscrit dans un contexte de promotion de l’objet technique auquel s’associe un texte descriptif qui détaille ses différents aspects tels que son principe de fonctionnement ou sa valeur technique. On le trouve par exemple dans les brevets d’invention (patents), les ouvrages promotionnels qu’ils soient institutionnels ou monographiques, ou encore dans la presse technique. Nous les distinguons toutefois des « illustrations techniques » en cela qu’ils peuvent aussi bien être pleinement exposés au public dans des publications telles que les Transactions of the Society of Arts comme dissimulés aux yeux du plus grand nombre dans le cas des patents. Si les dessins techniques d’ingénieurs anglais ont été étudiés par de nombreux historien·nes (Booker, 1963 ; Deforge, 1981 ; Ferguson, 1992 ; Pottage & Sherman, 2010 ; Robertson, 2011), les dessins d’invention n’ont, pour leur part, fait l’objet que de quelques recherches disparates (Hilaire-Pérez, 2000 ; Fox, 2009 dans une moindre mesure ; Baudry 2014). En nous appuyant sur des dessins de deux corpus, celui des patents ainsi que celui de la Society of Arts, nous souhaitons montrer que ces dessins sont le résultat de la rencontre de trois cultures techniques différentes : celle des inventeurs qui soumettent leurs objets techniques à une forme de promotion particulière ; celle des deux institutions qui promeuvent chacune à leur manière l’invention, l’une en la récompensant d’un prix et en la publiant, l’autre en lui conférant une protection juridique ; et enfin celle des dessinateurs, au cœur du système de production, œuvrant le plus souvent pour les deux institutions et ayant une culture soit ingénieure soit de « mécanicien qualifié » (mechanic skilled). Fruit d’un dialogue à deux ou trois voix, il est particulièrement intéressant selon nous d’interroger ce type de dessin à la fois pour faire émerger les acteurs qui se cachent derrière l’image mais aussi pour distinguer un peu plus le dessin d’invention du dessin technique.