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L’architecture moderne au Maroc se caractérise par l’assimilation de cultures importées qui se confrontent à certaines pratiques locales qu’elle a omis de considérer. L’énoncé théorique Hybridation culturelle et modernité marocaine a démontré que celle-ci perpétuait la ségrégation spatiale héritée de la période coloniale. L’appropriation informelle de l’espace public devenant un acte de résistance qui va à l’encontre de la planification. Le projet met en lumière ces pratiques jugées indésirables par les pouvoirs publics et prend place dans l’ancienne gare routière d’Al Kamra à Rabat. Ce lieu symbolique, aujourd’hui vacant, était jusqu’à récemment, un centre névralgique de transport où des milliers de citadins et ruraux transitaient pour accéder aux quartiers commerciaux, industriels et universitaires avoisinants. La Plateforme s’imprègne de la « culture de la congestion » et propose un tiers lieu caractérisé par différentes interventions propices à l’appropriation. Dans la coupole emblématique, un gradin circulaire inspiré de la Halqa (le cercle formé par les spectateurs dans le théâtre populaire) devient un socle pour l’improvisation et l’expression artistique. Tandis qu’en arrière scène, une galerie permet de loger des intermittents du spectacle de passage pour la saison. Des ateliers sont mis à disposition d’artisans et la canopée qui connecte ces différents programmes forme un espace public ombragé qui peut accueillir des marchands ambulants. À travers ces infrastructures, l’objectif est d’effacer les frontières et de favoriser la cohésion sociale. Vibrant au rythme de ses usagers, ce lieu de transition entre différentes séquences urbaines devient un organisme cinétique.