L’oubli (du latin oblītus, dérivé de ob- liveo, au sens de ) est un état caractérisé par l'apparente absence ou la disparition effective de souvenirs, une défaillance de la mémoire.
L'oubli est présent chez Homère. Il est dépeint comme un danger et une opportunité. Lorsque, dans l'Odyssée, Ulysse arrive sur l’île des Lotophages (mangeurs de lotos, le « fruit de miel »), il découvre que cette nourriture provoque l'oubli chez ceux qui la mange, et que cela permet aux aborigènes de l'île de vivre en paix. Les amis d'Ulysse qui en mangent perdent immédiatement toute envie de retourner chez eux.
Platon a recours, dans Phèdre, à un mythe qui traite de l'oubli. Il écrit, par la voix de Socrate, que boire de l’eau du fleuve Amélès, dans la plaine du Léthé, occasionne aux âmes, après le trépas, la perte du souvenir de tout.
Socrate valorise la mémoire et dévalorise l'écriture. Il soutient que cette dernière .
Dans l'Éthique à Nicomaque, Aristote adopte la même position que Platon. Il écrit que l'oubli, qui est originellement une faiblesse, devient un vice lorsqu'il provient d'une disposition acquise par l'habitude. Ainsi, celui qui ne fait pas l'effort de se souvenir et qui par conséquent oublie n'est pas vertueux.
La position de Friedrich Nietzsche se situe dans le sillon de sa considération pour le passé. Résolument opposé à tout attachement excessif au passé, et incite le lecteur à oublier au nom du moment présent pleinement vécu. La connaissance de l'histoire ne doit ainsi être ressassée que dans la mesure où elle permet de mieux vivre le présent. Il écrit : .
Le philosophe considère à ce titre que l'oubli est un gardien de la vie. Il ne s'agit pas que d'une force d'inertie, mais . Il soutient par conséquent qu'il est parfois nécessaire de .
Dans La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paul Ricœur se positionne contre l'oubli forcé auquel les sociétés s'adonnent afin de mettre de côté les moments douloureux de leur histoire. Cet oubli forcé, qui peut être induit par la propagande étatique, est un frein à la construction d'une identité.