Le Shabuhragan (شاپورگان Shāpuragan), qui signifie « dédié à Šābuhr », également traduit en chinois par Erzongjing ou Texte des deux principes était un livre sacré de la religion manichéenne. Écrit par le fondateur Mani (c. 210-276 CE) lui-même, à l'origine en moyen-perse et dédié à Shapur I (vers 215 272 de notre ère), le roi contemporain de l'empire perse sassanide. Ce livre est répertorié comme l'un des sept traités de manichéisme dans les sources historiques arabes, mais il ne fait pas partie des sept traités du récit manichéen lui-même. Le livre a été conçu pour présenter à Shapur un aperçu de la nouvelle religion de Mani, qui a réuni des éléments du zoroastrisme, du christianisme et du bouddhisme.
Le mot moyen persan pour "Shabuhragan" est "dw bwn wzrg'y š'bwhrg'n", ce qui signifie "les deux sutras dédiés à Shabur "La traduction chinoise est abrégée en "deux sutras". Mani a écrit ce livre en moyen persan et l'a présenté à Shabur I, le roi de Perse, comme un exposé des enseignements du manichéisme. Dans ce livre, Mani décrivait sa religion comme la perfection et la continuation des autres religions existantes, et se qualifiait lui-même de "prophète scellé" : "À travers les générations, les apôtres de Dieu n'ont jamais cessé d'apporter ici leur sagesse et leur travail. Ainsi, ils sont venus à une époque par l'apôtre Bouddha dans les pays de l'Inde ; à une autre, par l'apôtre Zoroastre en Perse ; et à une autre, par Jésus-Christ en Occident. Après cela, dans ce dernier âge, la révélation est venue, qui a été prophétisée comme devant venir à Babylone par moi-même, Mani, l'apôtre du vrai Dieu."
Des fragments originaux du persan moyen ont été découverts à Turpan, et des citations ont été apportées en arabe par Biruni :
D'éon en éon, les apôtres de Dieu n'ont cessé d'apporter ici la Sagesse et les Œuvres. Ainsi, dans un âge, leur venue s'est faite dans les pays de l'Inde par l'apôtre qu'était le Bouddha ; dans un autre âge, dans la terre de Perse par Zoroastre ; dans un autre encore, dans la terre d'Occident par Jésus.