Les expressions arabes mansûkh (arabe : مَنْسوخ [mansūḫ], abrogé) et nâsikh (ناسِخ [nāsiḫ], abrogatif, abrogatoire), correspondent en français aux notions de verset abrogé et de verset abrogatif du Coran. Certains versets du Coran sont dits mansûkh (آية مَنْسوخة [āya mansūḫa], verset abrogé) lorsqu'on considère qu'une révélation ultérieure dans un autre verset vient le modifier ou le corriger. Ce verset correctif est alors dit nâsikh (آية ناسِخة [āya nāsiḫa], verset abrogatif).
Pour résoudre le problème des versets contradictoires, des théologiens musulmans ont élaboré la doctrine de l'abrogation. Ils fondent leur dogme en se référant au principe du verset, "aya", abrogeant et abrogé (al-nâsikh wa-l-mansûkh), qui serait légitimé dans le Coran, s'appuyant sur la tradition musulmane et prenant en compte la chronologie des révélations afin de savoir lesquelles sont les plus récentes et peuvent abroger les plus anciennes :Alors que Mahomet aurait été accusé de manipulation à l'occasion de révélations de versets abrogeants, on peut lire en réponse dans le Coran :Ce principe est accepté . Ces changements peuvent concerner des aspects légaux de la sharia mais pas les doctrines théologiques. Il existe plusieurs types d'abrogation : celle du Coran par le Coran ou d’un hadith par un autre est généralement admise. L’abrogation du Coran par un hadith ou l’inverse divise les savants musulmans. Ainsi, les hanafites et les asharites considèrent que la Sunna peut abroger le Coran. Ibn Hazm s'appuie, pour cela, sur le fait que, pour lui, "le discours du Prophète est nécessairement d’inspiration divine".
L'abrogation peut concerner le statut d'une loi - l'auteur cite l'exemple de la continence d'une femme répudiée ou d'une veuve - sans que le texte soit changé. Elle peut concerner un texte - l'auteur cite le verset de la lapidation - retiré du Coran, sans que le statut législatif soit abrogé. Elle peut aussi concerner les deux. Le système de l'abrogation allège, généralement, l’obligation première.