Le mythe de fondation, appelé aussi suivant les circonstances mythe fondateur, ou mythe national, est un récit étiologique expliquant l'origine d'une religion, d'une cité, d'un pays, d'une nation. Depuis l'apparition des premières cités, entre le et le millénaire avant Jésus-Christ, des mythes racontent la fondation de certaines d'entre elles. Le mythe de Romulus et Rémus à Rome, le mythe d'Érechthée à Athènes et le Kalevala en Finlande sont des mythes de fondation : d'une manière générale, chaque peuple a besoin de dire ses origines. Ce mythe étiologique fait partie des mythes des origines qui sont des récits légendaires des débuts d'un peuple, d'une cité, de l'humanité, de la terre, de la vie et de l'univers (cosmogonie). Il se distingue aussi du mythe de la création qui fait référence à l'idée d'un commencement du monde. Les communautés humaines fabriquent des mythes fondateurs dans lesquels la narration qui peut incorporer des noyaux historiques authentiques et la fiction doivent être continûment interrogés. Ils font ainsi l'objet d'enquête historique et d'analyse critique qui tentent de démêler les liens entretenus avec la réalité, de retracer leur lecture au gré des époques et des courants historiographiques. Ces mythes peuvent ainsi résulter de processus de légitimation permettant de structurer et de préserver le groupe en le rattachant à un passé porteur de signification (utilité mémorielle pour rassembler les communautés et répondre à leur besoin d'assigner à chaque membre une place, une fonction et des règles de fonctionnement) ou de processus de manipulation, de mystification de la réalité historique dans une volonté politique d'acculturation, de cohésion ou de soumission. Selon l'anthropologue Peggy Reeves Sanday, le symbolisme de genre dans les récits d’origine se manifesterait comme des « métaphores de l'identité sexuelle ». De telles métaphores fourniraient des références investies de contenus émotionnels mobilisables, durant les temps troublés marqués par l'absence de cadres institutionnels ou leur impuissance à expliquer le monde.
Vincent Kaufmann, Renate Albrecher