Le bogomilisme était un mouvement chrétien hétérodoxe né au , aujourd'hui disparu, dont le nom vient du pope bulgare Bogomil. Il s'est développé en Bulgarie, puis en Serbie et ensuite en Bosnie, influençant une grande partie des Slaves méridionaux. Les empereurs byzantins eurent une attitude ambiguë à son égard, parfois le réprimant, parfois l'utilisant à leur profit. Inspiré par les gnostiques chrétiens et le manichéisme, il fut perçu comme une hérésie et combattu par les Églises nicéennes, romaine et byzantine.
Le mouvement bogomile est fondé par un prêtre orthodoxe bulgare nommé Bogomil (ce qui signifie en vieux slave « que Dieu prend en pitié » ou « qui supplie Dieu »). Il prêche d'abord en Thrace bulgare, où il rencontre un véritable écho populaire. Puis le mouvement se déplace en Bulgarie occidentale, où il connaît un grand succès entre le , notamment auprès du petit peuple, avant de subir les persécutions de l'empereur byzantin Alexis Comnène et du patriarche Michel II Courcouas.
Les bogomiles se déplacent alors vers la Serbie où ils convertissent plusieurs villages et même des villes, jusqu'à la reprise en main par Stefan Nemanja et son frère Saint Sava qui, par une politique d'expropriation, chassent tous les Serbes bogomiles vers la Bosnie où ils sont accueillis par le ban Kulin, et prospèrent sous sa protection entre la fin du . Leur foi est un important facteur dans le développement de la Bosnie comme entité politique, à une époque où celle-ci est sous domination mi-hongroise (à l'ouest), mi-serbe (à l'est). Finalement, le mouvement disparaît peu avant la conquête ottomane, mais les historiens slaves musulmans affirment que c'est le substrat religieux bogomile qui a favorisé la conversion à l'islam d'une partie des Slaves des Balkans (Pomaks, Goranes ou Bosniaques) et d'une partie des Valaques (les Moglénites). Les historiens slaves chrétiens, pour leur part, affirment que la principale motivation des conversions était la possibilité d'échapper au haraç (la double-capitation sur les chrétiens) et à l’otmitsa detchaka (le recrutement forcé des garçons pour en faire des janissaires).