En linguistique, le terme allomorphe désigne une variante d’un morphème, celui-ci étant un élément abstrait, théorique, qui caractérise la langue vue comme une abstraction dans la linguistique structurale. Ce terme est en fait formé à partir du terme « morphe », appellation de l’élément concret qui réalise le morphème dans la parole, la correspondante concrète de la langue. Les termes « allomorphe », « morphe » et « morphème » ont été créés par analogie avec « allophone », « phone » (son) et « phonème », respectivement, utilisés en phonologie.
Tout type de morphème peut avoir des allomorphes : un mot autonome qui est en même temps un radical, ou un affixe lexical (morphèmes lexicaux) ; un radical ne pouvant pas être un mot autonome (morphème lexico-grammatical) ; un affixe grammatical (morphème grammatical).
Les allomorphes apparaissent souvent à la suite de changements ayant eu lieu dans l’histoire de la langue. Ainsi, un morphème qui, dans une certaine période de l’histoire, était représenté par un seul morphe, arrive à être réalisé par plusieurs.
Les allomorphes peuvent n’avoir aucun conditionnement ou être conditionnés en général par deux catégories de facteurs : phonétiques et morphologiques.
Certains allomorphes sans conditionnement sont en variation libre, c’est-à-dire qu’ils peuvent être choisis selon la volonté de l’utilisateur, ayant le même sens lexical ou grammatical, par exemple :
En français tel est le cas du verbe s’asseoir qui a, dans la langue standard, deux séries de formes à certains temps : je m’assieds / je m’asseois, nous nous asseyons / nous nous assoyons, etc.
En roumain, l’affixe du pluriel du mot chibrit « allumette » a deux allomorphes : chibrituri et chibrite.
En BCMS, c’est la désinence de génitif masculin du singulier des adjectifs qui a deux allomorphes de ce type : novog et novoga « du nouveau ».
En hongrois, le mot radical morphème lexical ayant le sens « vers le haut » a les allomorphes fel et föl.